Conseil n Le Premier ministre britannique a sous-estimé les avertissements du président français sur les conséquences de la chute de Saddam Hussein et l'invasion de l'Irak. Des déclarations inattendues ont été faites dans le cadre du second volet «Un homme et une mission» d'une série documentaire pour la BBC sur le chef du gouvernement britannique «Blair : l'histoire vue de l'intérieur». Un ancien proche conseiller du Premier ministre Tony Blair a déclaré que celui-ci avait ignoré les avertissements du président français Jacques Chirac sur les conséquences «désastreuses d'une invasion de l'Irak», a rapporté aujourd'hui dimanche The Observer. Sir Stephen Wall, l'ancien conseiller politique en chef de Blair, affirme que le Premier ministre et son influent conseiller en communication de l'époque Alastair Campbell ont, en outre, délibérément dénaturé l'opposition de la France à l'invasion de l'Irak pour justifier leur choix de mener à bien l'opération, selon le journal. Ce documentaire en trois parties, qui sera diffusé mardi prochain, rapporte les propos de Blair à Stephen Wall lors d'un voyage pour un sommet européen en octobre 2002, alors que celui-ci lui rendait compte des avertissements de Jacques Chirac au sujet de l'Irak. «Leo ne vous remerciera pas si vous emmenez la Grande-Bretagne vers la guerre», aurait déclaré Chirac citant le dernier-né du couple Blair. Le président français aurait ensuite dépeint avec véhémence au Premier ministre britannique les «conséquences désastreuses d'un renversement de l'ancien président irakien Saddam Hussein», toujours selon Wall. «Tony Blair n'a accordé aucune attention à ce que Chirac avait dit. Il a levé les yeux au ciel et dit : «Oh Jacques, cher vieux Jacques, il ne comprend rien, n'est-ce pas ?», a poursuivi Wall. Blair et Campbell avaient, en outre, décidé de rejeter sur Jacques Chirac la faute de l'impasse diplomatique au sujet d'une seconde résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui aurait pu empêcher une invasion irakienne, a encore soutenu Wall. «Je me souviens de ce moment car je me trouvais, par hasard, dans le couloir de Downing Street quand Blair et Alastair Campbell s'y trouvaient et ont décidé de jouer la carte anti-française», précise l'ancien conseiller. «Ils en avaient eu l'opportunité la veille lorsque le président Chirac avait donné une interview télévisée dans laquelle il avait déclaré que ‘'la France opposerait un veto à toute résolution autorisant la guerre''.»