Résumé de la 81e partie n Kitty refait le parcours où il lui semble avoir vu un bras émerger d'un talus. Après une longue déduction, elle finit par trouver le chemin qui y mène. Elle aurait l'air d'une imbécile. Elle n'avait qu'à passer un coup de fil anonyme et ne plus s'en occuper. Non. Supposons qu'elle ait raison et qu'ils repèrent l'appel... Au bout du compte, elle s'en était tenue à son plan initial. Aller vérifier elle-même. Elle mit vingt minutes à parcourir le terrain que les chevaux avaient franchi en cinq minutes. Voilà l'endroit où cette andouille a commencé à brouter toutes les mauvaises herbes sur son chemin, se souvint-elle. J'ai tiré sur les rênes et il a fait un écart et piqué droit par là. «Par là» était une pente abrupte et rocailleuse. Dans l'obscurité grandissante, Kitty commença à descendre. Les pierres roulaient sous ses pieds. Elle perdit l'équilibre, tomba, s'écorchant la main. «Il ne manquait plus que ça», maugréa-t-elle. Malgré le froid, des gouttes de transpiration se formaient sur son front. Elle les essuya d'une main salie par la terre argileuse répandue entre les pierres. Il n'y avait pas la moindre trace de manche bleue. A mi-chemin de la pente, elle atteignit un gros rocher et s'arrêta pour s'y reposer. J'ai eu une vision, décida-t-elle. Dieu merci, je ne me suis pas couverte de ridicule en téléphonant à la police. Elle allait se reposer un instant, rentrer chez elle et prendre une bonne douche chaude. «Que l'on puisse aimer la randonnée me dépasse», dit-elle à voix haute. Lorsqu'elle eut retrouvé son souffle, elle se frotta les mains sur son survêtement vert pâle, prit appui de la main droite sur le bord du rocher et se prépara à se redresser. Et elle sentit quelque chose. Kitty baissa les yeux. Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche, seulement un gémissement étouffé, incrédule. Ses doigts effleuraient d'autres doigts, manucurés, vernis de rouge foncé, maintenus vers le haut par les rochers qui avaient glissé autour d'eux, encadrés par la manchette bleue qui avait pénétré dans le subconscient de Kitty. Un morceau de plastique noir, comme un brassard de deuil, enserrait le mince poignet inerte. Déguisé en ivrogne, Denny Adler s'installa le vendredi matin à sept heures contre l'immeuble qui faisait face à Schwab House. L'air était encore frais et vif, et il se dit qu'il avait peu de chances de voir Neeve partir à pied à son travail. Mais il avait appris à être patient quand il fallait filer quelqu'un. Le Grand Charley avait dit que Kearny partait travailler tôt, entre sept heures trente et huit heures. Vers huit heures moins le quart, I'exode commença. Un flot de gosses, ramassés par un bus, en route vers une de leurs coûteuses écoles privées. Moi aussi, je suis allé dans une école privée, se rappela Denny. La maison de correction de Brownsville, dans le New Jersey. Les jeunes cadres dynamiques commencèrent à se déverser dans la rue. Tous vêtus des mêmes imperméables — non, des Burberrys, rectifia Denny. Ne pas confondre. Puis les cadres supérieurs grisonnants, hommes et femmes. Astiqués et l'air prospère. De son point d'observation, il pouvait les examiner tout à son aise. (à suivre...)