Objectif n La ville est définie par son agglomération et sa capacité à répondre aux différents services et activités que réclament les habitants. Cette définition exige, cependant, une collaboration interministérielle et une conjugaison avec l'usager. Une équation qui n'est, toujours pas, résolue dans notre pays, bien qu'elle conditionne l'avenir de plusieurs générations. La ville «s'est ruralisée dans notre pays. Avec l'exode massif au lendemain de l'indépendance et qui s'est accentué dans les années 1990, nous assistons à un véritable déséquilibre entre les campagnes et les villes», souligne Abdelhamid Boudaoud, président du Collège national des experts architectes (Cnea). Pour appuyer ses dires, il cite à titre illustratif, le quartier d'El Hamiz dépourvu de toute norme d'urbanité. Pour lui, «la mauvaise gestion remonte aux années 1970 où la stratégie de l'industrialisation du bâtiment a fait de nous des obsédés de la quantité au détriment de la qualité». Dans ce contexte, la célébration de la journée nationale de la ville sous le thème «la ville durable, notre avenir», a suscité de multiples réflexions sur les voies et les moyens pouvant améliorer la gestion urbaine dans ses segments essentiels. Cette initiative a pour premier objectif de sensibiliser le citoyen à se réconcilier avec sa ville, étant un partenaire incontournable. Au-delà de sa symbolique, «ce rendez-vous a été une véritable réussite. Les campagnes de sensibilisation lancées en faveur des citoyens ont eu l'effet escompté», estime M. Boudaoud. Cette campagne aurait permis aux citoyens de prendre conscience de la décadence actuelle des villes algériennes, ainsi que les disparités flagrantes qui existent entre les nouvelles constructions et les œuvres d'art réalisées au VIII, IX et X siècle en Algérie. Cette journée a offert, d'autre part, une opportunité aux différents acteurs de débattre sur la problématique de la ville et ses perspectives de développement, en vue de la faire sortir de la précarité et de dysfonctionnement dont elle est victime. En somme, pour rendre à nos villes leur lustre d'antan, une politique audacieuse s'impose mais aussi et surtout un véritable partenariat entre l'Etat et les collectivités locales», insistent les experts. Pour produire une dynamique urbaine, notre interlocuteur propose l'installation dans les différents quartiers des équipes pluridisciplinaires constituées d'architectes, de sociologues, paysagistes…. Il estime, également, nécessaire d'imposer un cahier des charges rigoureux pour toute implantation de commerce ou toute autre construction, ainsi que le développement de l'urbanisme commercial. S'agissant de la capitale, le président du Cnea affirme qu'«il est grand temps de faire appel aux architectes, mondialement reconnus pour engager de grands projets», car pour lui, une ville est «un carrefour et un laboratoire d'architecture et d'urbanisme à condition que les réalisations soient en harmonie avec le site».