Issue n Les réalisateurs africains s'accordent sur le fait que le numérique se révèle une solution d'avenir pour le cinéma africain. Les réalisateurs africains n'ont pas le même avis sur les qualités des films tournés avec des technologies numériques, mais tous sont d'accord sur une chose : le numérique, qui minimise les coûts de production, est une solution d'avenir pour le cinéma africain. «Le numérique permettra à coup sûr de «booster» la production cinématographique en Afrique et de créer un marché local», déclare le Burkinabé Idrissa Ouédraogo, lauréat en 1991 du grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) avec Tilaï. L'utilisation des technologies numériques – particulièrement la vidéo – dans le cinéma permet non seulement un gain d'argent, mais également de temps, relèvent plusieurs réalisateurs, citant une meilleure maîtrise de la durée du tournage où une légèreté des équipements rendant le matériel plus accessible, plus mobile et facilement manipulable. C'est le cas de Boubacar Diallo, journaliste burkinabé passé au cinéma. En une année, le numérique lui a permis de sortir deux longs-métrages : Traque à Ouaga et Sofia (2005). Pour le 20e Fespaco, qui se déroule jusqu'au 3 mars, il est en lice pour l'Etalon d'or de Yennenga – grand prix du festival – avec un troisième film, Code phénix, sorti en 2006 et dont la réalisation a nécessité moins de trois mois. «Sans le numérique, je ne serais jamais parvenu à ce résultat», confie-t-il. ? l'opposé, certains de ses compatriotes réalisateurs restés fidèles à la bobine traditionnelle ont mis en moyenne cinq ans pour faire un film. Selon des spécialistes, il est possible de faire un long-métrage en numérique avec 20 ou 40 millions de francs CFA (de 30 500 à 61 000 euros), alors qu'il faudrait dix à vingt fois plus pour le même film en format 35 mm. Dans la distribution aussi, le numérique a des avantages qui le font paraître, aux yeux de beaucoup, comme la clé pour une meilleure visibilité des films africains jusque-là surtout projetés dans des festivals et en dehors du continent. Certains réalisateurs reconnaissent les avantages de cette technologie, mais relèvent qu'elle n'a pas que des bons côtés. Principaux inconvénients, selon Missa Hébié (Sita) : la vidéo «dénature la qualité des oeuvres» et a une durée de vie et de stockage limitée en Afrique où poussière et chaleur sont choses courantes. Ses avantages en font un espoir pour le cinéma africain et ses inconvénients ne lui permettent pas de concurrencer «le 35 mm qui reste d'autorité quand il s'agit de faire du grand cinéma», précise Idrissa Ouédraogo.