Longtemps sevrés de films africains en Algérie, la deuxième édition du Festival panafricain d'Alger a été une occasion inouïe aux téléspectateurs algériens de découvrir toute la richesse et le talent des cinéastes africains. Un programme chargé, haut en couleur, composé de quelque 150 films consacrés au cinéma de l'Afrique et de sa diaspora, a été élaboré. Le téléspectateur algérien aura droit à un film chaque jour pendant toute la durée du Panaf. L'objectif étant d'accorder à ce cinéma, un peu méconnu en Algérie, une plus grande visibilité. Une initiative fort louable quand on sait qu'en dehors du Fespaco de Ouagadougou et du Festival de Carthage, en Tunisie, et quelques petits circuits festivaliers ici et là, il n'est pas aisé de voir un film africain sur nos écrans télé ou en salle. L'existence de ces deux festivals est, peut être, la seule occasion de réunir les amateurs de films du continent, leur donnant ainsi l'avantage d'en apprécier à sa juste valeur le contenu. Les films africains sont toujours projetés mais ne font plus l'objet d'un programme spécifique dont la caractéristique principale serait l'origine. En revanche, ils sont classés en fonction de leur contenu, comme tous les autres films d'ailleurs. Il faut également souligner que le cinéma africain a été victime de la forte concurrence de l'Amérique et de l'Europe. Sans doute, le cinéma américain défend beaucoup ses intérêts et ses chefs-d'œuvre face à la rude concurrence étrangère, mais il faut admettre que le cinéma africain, en dépit de sa valeur, vole très bas et n'évolue pas. Tous les films américains sont de plus en plus regardés par le public algérien et même… africain, et on ne demande pas mieux aux cinéastes africains d'en faire autant. La télévision et les salles de cinéma sont assiégées par les films américains. Ceux qui aiment ou veulent découvrir les films du continent noir peuvent toujours l'aimer, à l'impossible s'ils veulent, mais à bien y regarder, tous les films fantastiques et de science-fiction américains et asiatiques débarquent sur le marché africain à grande vitesse. Combien de salles de cinéma ont-elles fermé en Algérie ? Avez-vous remarqué que 80% des films programmés sur le petit écran, en Algérie, au Maghreb et dans toute l'Afrique ou sur les chaines satellitaires (TF1, M6, Canal+) ne sont que des formats américains ? Les séries américaines ont également envahi les écrans en France, en Allemagne, en Espagne et en Asie. Avec la technologie numérique qui se développe à grande vitesse, le cinéma africain demeure à la traîne. La majorité des distributeurs et les productions cinématographiques essaient de placer leurs films à l'étranger. Ceux africains sont enfermés et confinés dans leur circuit pour ne pas évoluer, pourtant, il y a des films et autres courts-métrages indépendants, riches d'idées, en images et en visée, qui sont souvent oubliés. Dommage pour la politique du cinéma africain qui avance, tant bien que mal, face aux débarquements des formats américains et de DVD cinéma d'Asie. 150 films africains au menu de la télévision algérienne Au chapitre cinéma, 150 films seront visionnés par la télévision algérienne et une soixantaine de réalisateurs y seront présents. L'Afrique, parent pauvre mondial jusqu'à il n'y a pas si longtemps en matière de 7e art, se retrouve décrite aujourd'hui par d'autres nations comme une véritable puissance cinématographique émergente, dont le fonctionnement, notamment en matière de soutien et d'aide au cinéma, est étudié, voire présenté, comme modèle. Ce second Panaf signera peut-être la renaissance du cinéma africain et, plus particulièrement, algérien. Les productions et les coproductions, la réhabilitation des différentes salles de cinéma, le lancement de nouveaux projets avec quelque 120 écrans qui, seront opérationnels en Algérie d'ici 2012 en sont une preuve tangible de la bonne volonté de ceux qui ont la charge de développer le cinéma dans notre pays. Un nombre impressionnant de films – 150 au total seront diffusés cette année au Festival panafricain du cinéma et sur les écrans de la télévision algérienne pour permettre aux Algériens d'avoir une idée précise sur le cinéma africain. L'Afrique a été envahie par les productions hollywoodiennes qui, continuent d'avoir la faveur des vidéoclubs en Afrique, dont les peuples, très démunis, ne peuvent s'offrir une place au cinéma. Et dire que les Africains ont l'amour de leur ciné. Les cinéphiles africains aiment les films africains mais ils n'arrivent pas à les voir. Les films africains sont introuvables sur CD, à part des films nigérians ou ghanéens dont les versions ont été tournées en anglais ou en ibo (langue du Nigeria), en swahili et en lingala (Congo) en hawsa (Côte d'Ivoire). A travers les versions anglaises, on a l'impression que les réalisateurs africains font des films pour l'Europe. Il est impensable de ne pas faire voir son film et dire après que les gens n'aiment pas le cinéma africain. Ce qui n'est pas vrai, car même dans les quartiers pauvres où tout le monde n'a pas les moyens d'accès aux grandes salles, les gens continuent de regarder le petit écran en groupe. Même si dans certains pays les salles de cinéma se comptent sur les doigts d'une seule main, les grands réalisateurs africains et les producteurs essaient faire la promotion du film africain parce que les gens connaîtront mieux les acteurs et feront la promotion du cinéma africain, particulièrement à travers les vidéoclubs. Le cinéma africain en quête de développement, de public et de salles Le Camerounais Jean-Marie Teno a consacré un documentaire, Lieux sacrés, au vidéoclub de Boubacar Nanéma dans lequel le cinéaste burkinabé Idrissa Ouedraogo (Etalon de Yennenga en 1993) estime que les réalisateurs africains doivent accorder de l'importance aux vidéoclubs. Le cinéma africain est une production en quête de développement, de public et de salles. En plus des films que les téléspectateurs algériens découvrent chaque jour pendant toute la durée du Panaf, le ministère de la Culture coproduit avec l'Afrique du Sud deux longs métrages destinés à être projetés en salle lors de ce festival. Ces deux œuvres sont écrites et réalisées par Souleïman Ramadan (Afrique du Sud) et Lamine Merbah (Algérie). Un colloque sur le financement du cinéma en Afrique et la production africaine a été organisé les 12 et 13 juillet à l'hôtel Hilton. Au menu, également, une projection d'un long métrage collectif composé de 13 courts métrages de 4 à 7 minutes chacun, réalisés par Nouri Bouzid (Tunisie), Teddy Matera (Afrique du Sud), Mama Keïta (Sénégal), Abderrahmane Cissako (Mali), Gaston Kabore (Burkina Faso), Yousri Nasrallah (Egypte), Zézé Gambao (Angola), Sol Calvalho (Mozambique), Flora Gomes (Guinée Bissau), Bafulu Bakupa (RD Congo), Mohamed Lakhdar Hamina (Algérie), Rachid Bouchareb (Algérie), Charles Burnett (Etats-Unis). Un film entièrement consacré à ce 2e Panaf sera produit par S. Brahimi et réalisé par Chergui Kharroubi, cinéaste algérien installé en Belgique. En plus de l'hommage qui sera rendu aux pionniers du cinéma africain, à plusieurs réalisateurs africains de la diaspora et à des réalisateurs afro-américains, d''autres films seront projetés dans les prochains jours. Il s'agit d'Une saison sèche, (Tchad) de Mahamat Saleh Haroun, El Banate Dol, (Egypte) de Tahani Rached, Abeni, (Nigeria/Bénin) de Tunde Kelani, Gathering The Scattered, (Afrique du Sud) d'Akim Omotoso, Catch A Fire, (Royaume Uni/Afrique du Sud) de Phillip Noyce. Afrique sur Seine du Sénégalais Paulin Soumanou Vieira (réalisé en 1957 et considéré comme le premier film africain) Mascarades de l'Algérien Lyès Salem (2007) en passant par le documentaire Mère-bi de Ousmane William Mbaye du Sénégal (2008), Silmandé de Pierre Yaméogo (Burkina Faso, 1998) ou Tabataba du Malgache Raymond Rajaonarilevo (1988), Le silence des Palais de Moufida Tlatli, réalisatrice algéro-tunisienne. Exhibition de Rachid Bouchareb, Errance de Nouri Bouzid, Apegada de Todos os tempos de Flora Gomes, Nous aussi avons marché sur la lune de Balufu Bakupa Kayinda, Coquillage de Sol Carvalho, Telegraph to the sky de Teddy Mattera, Bom dia Africa de Zeze Gamboa, One more vote for B.Obama de Mama Keita, Une femme fâchée de Abderrahmane Sissako et 2000 génération d'Afrique de Gaston Kabore. A travers les films diffusés sur nos écrans, le Panaf a permis de révéler au grand jour le talent et le savoir-faire des cinéastes africains, les potentialités de la culture africaine, la contribution dans les mouvements de lutte et de libération, la consolidation de l'unité africaine et le développement économique et social du continent, les échos de luttes pour l'autodétermination (République sahraouie, Angola, Namibie, Guinée Bissau), la lutte contre le système raciste de l'Apartheid en Afrique du Sud. M. G.