Le cinéma numérique n'a pas décollé dans le monde, constate-t-on. C'est hier que s'est clôturé le premier colloque international sur les technologies numériques et leurs projections sur le cinéma et l'audiovisuel au Centre international de presse (CIP). Organisé par l'association Promartcult, sous le patronage du président de la République, ce colloque a mis l'accent sur la révolution du cinéma numérique sur grand écran, le choix technique qui lui est propre et les enjeux économiques par l'installation de cette industrie de demain dans le monde, y compris en Algérie. Depuis quelques années, les techniques et les marchés de l'audiovisuel se sont radicalement transformés, sous l'effet de l'intrusion de l'informatique dans ces métiers et de la numérisation des signaux. La plus grande partie du montage télévision ou cinéma se fait désormais sur des ordinateurs personnels, pour lesquels ont été développés une grande variété de logiciels adaptés. La distribution de films s'effectue de plus en plus de travers de l'Internet et du DVD. Les techniques de trucages s'enrichissent à l'infini, grâce au formidable développement de la puissance de calculs des machines. De nouveaux formats de tournage, à la croisée des chemins entre amateurs et broadcast, contribuent à l'émergence de nouveaux talents et de projets qui n'auraient pu voir le jour autrefois, faute de moyens financiers. Avec l'arrivée de la haute définition numérique, aujourd'hui on peut se passer de la pellicule. Reste que le numérique permet la réplication d'un programme à l'infini, et se pose alors le problème de la protection du copyright des oeuvres diffusées. L'Algérie sera-t-elle au rendez-vous de ces nouvelles technologies ? Parmi la vingtaine d'experts internationaux qui sont intervenu, Jean-Paul Gillet (I-Diff/CN films) fera remarquer que «le coût pour ce genre d'appareillage chute à une vitesse de croisière. Cependant, beaucoup de majors hollywoodiens refusent ce passage de 35 millimètres au numérique et préfèrent ne pas scier l'arbre sur lequel ils sont assis. Le numérique reste un secteur sensible, y compris en Europe». Parlant du métier de distributeur de copies, il souligne: «Je ne pense pas que ce métier va être amené à disparaître au profit de la technologie. Le numérique par contre, pourrait remplacer le camion qui se chargera de transporter les bobines dans les salles de cinéma». Pour Jean Menu, responsable au CNC, le principal problème qu'entraîne la diffusion numérique de film en DVD vidéo est la piraterie. «Il faut qu'il y ait des VOD légaux et payants». Et d'ajouter : «C'est essentiel que les industriels se mettent d'accord sur la fabrication de leur matériel pour une meilleure adaptation». Reste que ce mouvement lourd ne saurait prétendre remplacer la vocation première de toute cette évolution qui reste avant-tout, nous soutient-on «la restauration des salles de cinéma et y ramener le public». Dématérialiser les contenus et toutes les industries culturelles est une des tendances lourdes à prôner par M. Jean Menu. Une question se pose : si le monde du cinéma est en attente ou encore «le cinéma numérique n'a pas décollé dans le monde», que pourrait-on souhaiter d'abord pour l'Algérie qui compte ses salles à la chandelle et connaît une industrie du cinéma moribonde? Quelle fasse des films ou qu'elle améliore la qualité de son support cinématographique. La technique au profit de la création ou les deux à la fois un jour, peut-être... Rappelons que ce colloque a été organisé par une association fondée en 2003 et regroupant des cinéastes, comédiens, plasticiens, intellectuels, journalistes et professionnels de la culture pour favoriser une renaissance des arts en Algérie.