Résumé de la 20e partie n Petiot reste à Paris, après l'occupation allemande. Il achète même un hôtel particulier dans un quartier chic. Début janvier 1942. Paris vit dans la terreur. Il y a, non seulement les restrictions alimentaires de plus en plus sévères, mais aussi la terreur exercée sur les civils par la Gestapo et leurs collaborateurs français. Dès la tombée de la nuit, les gens se terrent chez eux, de peur de voir jaillir, de l'ombre, des hommes en perméables qui, vous posent deux ou trois questions avant de vous emmener. Pourtant, ce soir là, un homme, bravant le danger sort du 39, rue Caumartin pour se rendre au 66 de la même rue : juste quelques mètres à traverser mais quelques mètres qui peuvent, s'il a le malheur d'être repéré par un des hommes de l'ombre, lui coûter la vie. Surtout que cet homme porte sur le revers de son veston une étoile jaune, symbole indiquant qu'il est de confession juive. La même étoile figure, dans le même quartier, sur son magasin de fourrures, magasin autrefois prospère mais aujourd'hui frappé du sceau de l'infamie. L'homme se glisse dans l'immeuble numéro 66. II frappe doucement à une porte. — Qui va là ? répond une voix. — C'est moi, monsieur Petiot, Guschinov, votre voisin du 69. Il y a comme une hésitation, puis la porte s'ouvre. — Entrez, monsieur Guschinov... — Merci, docteur. L'homme entre. — Il y a quelque chose qui ne va pas, monsieur Gushinov ? — Oui, docteur, ma femme et moi, nous nous sentons menacés, nous avons appris par des sympathisants de la résistance que vous faites partir de ces gens. Petiot hésite encore, comme s'il se demandait s'il fallait faire confiance à cet homme ou pas. Mais il sait que Joachim Gushinov est israélite et qu'à ce titre, il est réellement menacé par les nazis. C'est d'ailleurs un miracle qu'il n'ait pas encore été envoyé dans un camp de concentration. — Je connais une filière... Dans quel pays voulez-vous vous rendre, monsieur Gushinov ? — Qu'importe le pays, pourvu que nous échappions, ma femme et moi, aux nazis. — L'Argentine... Que diriez-vous de l'Argentine ? — Oui, bien sûr, l'Argentine... — Alors je vais vous préparer de faux papiers... il faut aussi des attestations de vaccination... Les vaccins exigés par les autorités argentines. — Je suppose qu'il faut payer, dit le fourreur — Oui, monsieur Gushinov, 75 000 francs... Ce n'est pas pour moi, bien entendu, mais pour les passeurs, moi, tout ce que je fais, c'est par patriotisme ! — Je comprends docteur, et j'accepte, pourvu que nous partions ! — Vous partirez, dit le docteur. (à suivre...)