Résumé de la 1re partie n A 4 ans, Tommy est abandonné par ses parents. Dans un monde impitoyable, il cherche sa mère et son père… Bobby Charles a près de vingt ans de service dans cette ville, mais il n'a jamais dépassé le stade de planton ou de chauffeur du sergent. Il est donc encore plus perplexe. L'information a du mal à franchir son cerveau plus habitué aux matches de base-ball, aux petits dealers et aux tire-couteaux. De vrais enfants avec un vrai problème, c'est grave. Un abandon d'enfant c'est-extrêmement grave, et sur la voie publique, cela ressemble bigrement à une urgence. Il prend donc chaque enfant par la main, fait demi-tour et pénètre dans le poste de police, en disant : — ?a, il faut en parler au sergent. Le sergent est la référence de Bobby Charles, bien que le nez du sergent soit rarement accueillant en ce qui le concerne. Le sergent Pinter a le nez mince, c'est un pète-sec moustachu, efficace, qui souhaiterait une police athlétique, au cerveau ordinateur, ce que n'est évidemment pas le gros Bobby : — Qu'est-ce que c'est encore ? Il n'a pas levé les yeux du rapport de la patrouille du matin, mais il entend renifler. La vue du planton, un gosse pendant au bout de chaque main, l'attendrit cependant. Le sergent Pinter a trois enfants. Dans cette décennie des années quatre-vingt, ce n'est pas facile de les élever, surtout en Californie, où l'on croirait que tout est permis sous le soleil. Un petit Timmy aux grands yeux bleus pleins de larmes, sous une tignasse noir d'encre, et haut comme le mollet du gros Bobby, a de quoi attendrir le sergent Pinter. — Eh bien, eh bien, ne pleure pas, qu'est-ce que c'est, Bobby ? — Voilà... euh... c'est le plus grand, là, qui amène le petit, qui voudrait revoir ses parents. Il paraît qu'il est abandonné. — Le sergent Pinter vient plier ses longues jambes maigres à hauteur de Timmy. — Abandonné ? T'es sûr, tu t'es pas plutôt perdu au supermarché ? — Non, je suis pas perdu, je veux voir papa et maman. — Bon, ne pleure pas, on va les retrouver tes parents. Y a combien de temps que tu es abandonné ? — Hier. Mais Patrick intervient aussitôt : — C'est pas ça, monsieur, il dit toujours hier. Tout ce qui s'est passé avant c'est hier... Hier je lui ai demandé quand il avait goûté, il m'a répondu hier... Le sergent Pinter se redresse, lui aussi a besoin d'ingurgiter les informations. — Hier ? Tu étais déjà avec lui hier ? C'est ton frère alors ? — Ben oui, c'est mon frère. — Bon. Résumons, tu es grand, toi, tu peux répondre clairement. Vos parents vous ont abandonnés donc... — Non... ses parents à lui... — Ah... parce que ce ne sont pas les mêmes ? — Ben non. On a le même papa, mais lui il dit qu'il a des parents en plus, et il arrête pas de pleurer pour |es voir. — Donc... Le sergent Pinter n'y comprend goutte, et l'agent Bobby Charles s'en étonne. D'habitude le sergent Pinter comprend vite. — Ne nous énervons pas. Depuis quand ce gosse est-il abandonné par ses parents en plus ? Longtemps ? Patrick fait la moue, et compte sur ses doigts. — Je sais plus... — Six mois, un an ? — Oh non, m'sieur, pas plus de deux semaines... On a déjà eu deux dimanches. — Bon. C'est déjà un point. Et les parents, ils sont où ? — ?a je sais pas, monsieur. C'est Timmy qui dit comme ça qu'il était dans une rue, il jouait, et puis une voiture s'est arrêtée à côté de lui, et un monsieur lui a dit de monter avec lui. Le monsieur a dit que son papa l'envoyait le chercher. Alors Timmy est monté dans la voiture. (à suivre...)