Le président de la République a procédé dimanche à un mouvement au sein du corps des magistrats dans «le cadre de la réforme globale de la justice», selon les termes du communiqué de la présidence. Le chef de l?Etat a endossé des décrets mettant fin aux fonctions de 10 présidents de cours et de 11 procureurs généraux, lesquels ont été remplacés par des magistrats issus dans leur majorité de la Cour suprême, en ce qui concerne les grandes cours. Huit présidents de cours et 14 procureurs généraux ont fait objet d?une mutation à d?autres cours. En outre, un mouvement au sein des magistrats chargés des emplois spécifiques de présidents de tribunaux, procureurs de la République et juges d?instruction a été également opéré par le chef de l?Etat. La conjoncture dans laquelle intervient le mouvement dans le corps des magistrats, marquée par l?invalidation contestée du congrès extraordinaire du FLN par la Cour d?Alger, a fait dire aussi bien aux partisans qu?aux adversaires de Bouteflika que la mesure a été motivée par ces mêmes événements qui ont fait planer la menace de division sur le Syndicat national des magistrats (SNM) qui vient de voir le départ de son président Ras El Aïn et son remplacement par Djamel Laïdouni. Les soupçons d?une «débenflisation» de l?administration pèsent désormais sur les actes de Bouteflika depuis qu?un conflit l?oppose à son ancien Chef du gouvernement, réputé proche des milieux judiciaires, ayant été lui-même en charge du département ministériel sous Mouloud Hamrouche. A vrai dire, à l?approche de la présidentielle de 2004, il n?y a pas de geste ou de parole de Bouteflika qui ne fasse pas l?objet d?une lecture suspicieuse. Ainsi la récente décision prise par le premier magistrat du pays de procéder à la révision du Code de la famille a été perçue comme répondant à une visée électoraliste. Pourtant le président en avait fait son cheval de bataille dès l?entame de son mandat. Idem pour la justice pour laquelle, il a installé la Cnrj (Commission nationale de la réforme de la justice). Hasard ou ironie du sort, tous les chantiers sont sur le point d?être lancés à quelques mois d?une fin de mandature très agitée. La question sur toutes les lèvres est de savoir si le chef de l?Etat, à travers ce mouvement qu?il vient d?opérer au sein des magistrats, veut rassurer une opposition trop regardante sur les conditions du déroulement du scrutin, ou bien mettre tous les atouts de son côté pour s?assurer sa propre succession comme le lui prête l?intention ses adversaires politiques.