Explications n L'ampleur qu'a prise le chômage, ces dernières années, et la chute constante du pouvoir d'achat ont poussé la famille algérienne à mobiliser toutes ses forces actives, quel que soit le sexe. Ce déploiement de l'activité féminine traduit, ainsi donc, une cause structurelle la même que celle concernant les jeunes ou celle du travail des enfants, des retraités et des hommes en général, rapporte l'enquête. Ce tournant a, sensiblement, contribué à combattre les préjugés et changer la perception du travail de la femme en général et sa présence dans l'informel en particulier. De plus, le déclin qu'ont connu les entreprises publiques en termes de recrutement et le licenciement ont poussé la main- d'œuvre féminine à se tourner vers le secteur de l'informel. L'absence d'une protection matérielle en cas de divorce a également converti de nombreuses femmes, par nécessité ou obligation, en chef de famille. Cette main-d'œuvre forcément laborieuse et parfois même experte est, essentiellement, repêchée par le secteur privé. D'autres particularités du cadre historique ont, par ailleurs, été signalées dans l'enquête du Cread. Il s'agit de l'effet du terrorisme sur la dislocation des familles, et la faiblesse de la solidarité entre les membres de la famille élargie. Le travail des veuves, des vieilles et des divorcées est une des preuves éloquentes. L'analyse des biographies présentées dans l'étude en question a mis en relief d'autres situations où le conjoint conserve son statut et l'épouse intervient pour l'aider à améliorer leurs conditions de vie. Il est question de vivre correctement, les besoins des familles ayant changé, ou encore d'améliorer la scolarisation des enfants (accès aux cours particuliers). Cette catégorie de femmes est généralement représentée par des femmes au foyer d'un niveau analphabète, moyen et surtout primaire. Le choix de l'informel est, en fait, «une réponse à une urgence matérielle en faisant appel à leur créativité. C'est une réponse spontanée de leur part au problème du chômage et de la pauvreté en recourant à leurs propres ressources, c'est à dire en mobilisant le capital culturel et financier de la famille ou seulement leur force de travail pour celles qui n'ont rien», explique Djamila Musette. Les célibataires, quant à elles, sont des stagiaires, fraîchement sorties des centres de formation professionnels, se tournant immédiatement vers des activités de l'informel pour subvenir à leurs besoins et contribuer parfois même à l'amélioration du budget de la famille.