Plus que quelques jours pour accueillir la nouvelle année avec plus ou moins d'appréhensions quant à ce qu'elle nous réserve. Sur le plan social cela s'entend. La dégradation du pouvoir d'achat des Algériens est telle que leur niveau de vie est en chute constante, et la dernière augmentation du SNMG n'y peut rien. La mercuriale flambait déjà depuis on ne sait combien de temps – le marché nous a maintenant habitués à suivre une ligne ascendante – lorsque les résultats de la tripartite ont abouti à un rehaussement du salaire minimum. Autant dire que les commerçants en sont les seuls et uniques bénéficiaires. Lorsque les produits de première nécessité sont hors de prix, et que ce qui constituait jusqu'à une époque récente l'alimentation de base des familles devient presque un luxe, il y a forcément quelque chose qui fonctionne mal. Les légumes secs, autrefois considérés comme une denrée des pauvres et consommés à contrecoeur, snobent aujourd'hui des citoyens ahuris devant tant d'audace de la part de négociants qui n'obéissent à aucune loi. Fruits et légumes défient les consommateurs qui doivent se passer de bien des produits. Il est vrai que dans une économie de marché, désormais globalisée, les prix sont libres, mais de là à ce que les commerces et les étals flambent et se transforment en des lieux inaccessibles pour le commun des mortels, on ne peut que s'interroger sur a signification de cette notion (d'économie de marché) aussi bien dans l'esprit des commerçants que chez les pouvoirs publics. Tout porte à croire que tous les deux assimilent celle-ci à une économie de bazar. L'ampleur prise par l'informel grâce à l'inertie des seconds (pouvoirs publics) et à leur incapacité à le combattre a bouleversé totalement les données jusqu'à provoquer une poussée inflationniste fébrile et à s'emparer de l'économie réelle. La machine est donc sérieusement détraquée. C'est seulement maintenant, alors que la situation devient intolérable et semble échapper à tout contrôle, que l'Etat fait part de son intention de «plafonner» les prix. Ce qui fait grincer des dents çà et là, cet engagement étant totalement opposé aux conditions d'accès de l'Algérie à l'OMC. Mais il n'est toutefois pas dit qu'il faut laisser l'anarchie gérer le commerce. Il y a urgence à réguler le marché par l'assainissement de ce dernier à travers la lutte contre l'informel et en mettant un frein à la spéculation. Les pouvoirs publics ne pourront pas occulter cette réalité : elle est trop brûlante pour ne susciter que des promesses vaines, d'autant plus qu'elle constitue le germe de bien des contestations. Ils doivent alors impérativement réhabiliter le pouvoir d'achat des citoyens pour leur permettre de vivre dignement. Ils sont attendus sur ce front avec l'avènement de la nouvelle année. Sauront-ils y répondre ? R. M.