Rencontre Le jeûne n?est pas une spécificité de l?Islam. Il est un précepte observé par les hommes qu?ils soient de religion monothéiste ou de culte polythéiste. Le jeûne dans les religions monothéistes a fait l?objet d?un débat lors d?une rencontre organisée à la bibliothèque nationale du Hamma et animée par l?archevêque d?Alger Henri Teissier. Le directeur de la bibliothèque, Amine Zaoui, a tenu, dès le début, à présenter à l?assistance l?intervenant comme étant une personnalité présente dans les débats et les colloques sur le dialogue interculturel et intereligieux, et aussi comme étant une personne affichant un intérêt particulier aux préoccupations sociales et philosophiques. «L?archevêque Henri Teissier est un personnage qui ne se cantonne pas uniquement dans les réflexions théologiques, il est aussi ouvert à la vie culturelle et philosophique; c?est d?abord un homme de culture et de verbe. Il se consacre à la vie dans sa diversité culturelle, dans sa conscience plurielle, sans discrimination ou refus de l?autre», déclare-t-il. Pour commencer son intervention, l?archevêque Henri Teissier a présenté le jeûne comme étant une pratique millénaire, s?étendant à toutes les religions. «On le trouve dans les confessions monothéistes ou bien polythéistes. Dans cette dernière catégorie, le jeûne est pratiqué différemment selon les cultes et les circonstances. Certaines sociétés observaient le jeûne pour célébrer les sacrifices humains, comme c?était le cas chez les Incas ou les Aztèques», explique-t-il. Il abordera ensuite le jeûne dans les religions monothéistes, sans trop s?étaler et s?attarder sur les détails, de sorte à ne pas donner à son intervention un aspect universitaire. «Il faut savoir que le jeûne chez les juifs n?est pas conçu de la même manière que chez les musulmans. Dans l?islam, les croyants observent un mois de jeûne. Or, dans la tradition juive, les fidèles observent un jeûne épisodique. Les juifs jeûnent pour obtenir le pardon de Dieu ou encore pour se rappeler et célébrer la tragédie juive, à savoir la destruction du temple de Jérusalem. Quant à la tradition chrétienne, qui est le prolongement de la pensée judaïque, le jeûne comprend quarante jours successifs, dix jours de plus que chez les musulmans. Cette période de jeûne précède le jour de Pâques», dit-il. Enfin, qu?il soit monothéiste ou polythéiste, le jeûne, qui acquiert une dimension universelle, constitue une manière de se rapprocher de Dieu, et cela en se privant de quelque chose, en renonçant à quelque plaisir dans le dessein évident de rechercher auprès du Très-Haut le salut et le pardon. Toutefois, le jeûne peut être une marque de remerciement et de louange à Dieu. Et pour conclure, Henri Teissier appelle les trois communautés à se rapprocher, à amorcer un dialogue interculturel et intereligieux pour se mettre sur la voix de la paix. «Les juifs, les chrétiens et les musulmans doivent cesser de se regarder en tant que concurrents, ils doivent se considérer comme étant amis, frères».