Lacune n «Les plans de gestion des risques dans nos entreprises algériennes sont quasiment inexistants.» Tel est le constat fait, au cours de cette semaine, par des experts en sécurité industrielle lors d'un séminaire ayant trait à ce brûlant sujet, tenu à l'hôtel Sofitel, sous l'égide de la Chambre française du commerce et de l'industrie en Algérie (Cfcia). «Ce qui s'est passé à Skikda et à Arzew doit tous nous interpeller. La vie humaine n'a pas de prix, il faut investir alors durablement dans la sécurité», a déclaré M. Serir, représentant du ministère de l'Industrie pour qui «les lois et la réglementation sont pourtant très claires à ce sujet». «Réduire les vulnérabilités, développer les plans de gestion des risques et optimiser la sûreté des installations doivent être une obligation pour la totalité des entreprises algériennes», précise-t-il, tout en axant son intervention sur «la responsabilité pénale et civile des chefs d'entreprises en cas de risques industriels» pour les inciter à protéger les entreprises afin de mieux protéger l'environnement. Pour M. Boulahrouz, spécialiste en audit industriel, également présent lors du même séminaire, «l'entreprise algérienne fait actuellement face au déficit du triptyque audit-sûreté-sécurité. Sur ce plan, beaucoup reste à faire. Les patrons d'entreprise doivent se rendre à l'évidence que la pérennité de la production passe inévitablement par l'anticipation et la gestion des risques. Il leur faudra donc consacrer des budgets conséquents pour le seul volet de la sécurité». Selon lui, «la conformité aux normes doit être vérifiée par un audit tous les cinq ans», surtout face à la réalité d'avoir «des installations industrielles vieilles de plusieurs décennies». Mohamed-Tahar Benhemlaoui, directeur des risques d'entreprises à Salama Assurances Algérie, filiale d'un conglomérat émirati coté à la bourse de Dubaï, estime, pour sa part, que face aux périls qui les guettent, «nos entreprises doivent impérativement souscrire une assurance risques». Pour cela, les compagnies d'assurances sont obligées de leur côté de «descendre sur le terrain, de s'approcher des entreprises pour mieux les connaître, mieux les identifier et surtout mieux identifier les risques potentiellement dangereux. C'est l'unique méthode pour faire adapter les couvertures d'assurances adéquates», assure-t-il. Le constat étant fait, force est de constater, comme l'affirme un expert français en audit-sécurité, que la prise en charge des risques industriels reste sensiblement faible, comme le prouve «la faiblesse de l'encaissement assurances global, aujourd'hui de l'ordre de 46 milliards, toutes branches confondues». Parent pauvre du monde des assurances, le risque industriel ne représente que le faible taux de 30% seulement, loin derrière le risque automobile qui se taille la part du lion avec 47%. A titre comparatif, ce même spécialiste regrette de voir par exemple le voisin tunisien, pourtant avec une population de seulement 11 millions et un tissu industriel de moindre envergure, consacrer un grand pourcentage des assurances à la seule branche du risque industriel.