Débat n Quelle utilité pourrait avoir un séminaire sur la sûreté et sécurité industrielles et que pourraient donc en être les retombées ? Spécialistes et autres experts sont aujourd'hui unanimes à dire que, même si le risque zéro n'existe quasiment pas, les innombrables mesures de précautions que pourraient prendre les responsables des usines, à l'effet de sécuriser leurs pôles de production contre tout risque majeur, surtout dans les régions du nord où une dizaine de sites à hauts risques sont répertoriés, pourront faire de l'Algérie un pays où la sécurité n'est pas un vain mot. En termes de dividendes, la sécurisation des sites industriels, selon les orientations d'un séminaire tenu hier à l'hôtel Sofitel, profitera à plusieurs acteurs. «Cela suppose que l'employeur engrange des bénéfices à terme en ayant une marge de sécurité qui s'étale dans le temps. Avec plus de sécurisation, l'entreprise serait beaucoup plus performante en termes de productivité. Elle dépensera moins en réparation d'accidents. Les travailleurs seront plus sécurisés, plus motivés et moins stressés et les compagnies d'assurances auront beaucoup à gagner en accompagnant les sociétés dans leur politique de sûreté et sécurité», nous expliquera Jean-Paul Roux, représentant de Salam Assurances, compagnie française d'assurance activant essentiellement au Maghreb. Cependant si une prise de conscience collective est perceptible sur le terrain, il reste malheureusement que la prise en charge des risques industriels par les compagnies d'assurances demeure relativement faible, le chiffre d'encaissement pour toutes branches confondues ne dépassant guère les 46 milliards de dinars (moins de 400 millions euros), loin derrière la Tunisie ou encore le Maroc. L'absence de la culture d'assurance, la sous-tarification et l'absence d'évaluation des risques sont, précise-t-on, les principales causes de cet état de fait. Qu'à cela ne tienne, la hantise des accidents «à la Tchernobyl» en Algérie a commencé à avoir droit de cité depuis la catastrophe du complexe pétrochimique de Skikda et le lourd tribut payé par une trentaine de travailleurs, carbonisés au bout de cinq secondes seulement. Cette fatidique nuit du 19 janvier 2004 est considérée d'ailleurs à juste titre comme le tournant décisif dans l'appréhension de ce qu'est réellement le risque industriel, sur lequel l'on ne dissertait pas beaucoup auparavant. Depuis ce sinistre, les actions se multipliaient, au même titre que les incessantes mises en garde. Six mois après, l'accident qui, en plus de sa sinistralité humaine, a coûté pas moins de 400 millions d'euros aux compagnies d'assurances, le mot prévention est devenu la priorité des priorités. Des actions devaient alors suivre. «Pour ce qui est de la gestion des risques au sein de nos entreprises, beaucoup reste à faire», estime un expert présent hier au séminaire sur la sécurité des sites industriels organisé par la Chambre française du Commerce et d'industrie en Algérie. Mais pour adapter les couvertures d'assurances adéquates, sur la base du nouveau dispositif introduit par la loi 04-20, il est fortement recommandé, selon un assureur algérien de «s'approcher des entreprises pour les identifier et mieux les connaître».