Activité n La troupe théâtrale Essarkha de l'association culturelle Mahfoudh-Touahri de Miliana présentera, mardi au Théâtre national, la générale d'Antigone. «Cette pièce sera jouée par de jeunes comédiens, des amateurs qui s'emploient à faire preuve de professionnalisme», déclare le metteur en scène Belkacem Amar, ajoutant que travailler avec ces jeunes, c'est établir un trait d'union entre l'ancienne et la nouvelle génération, donc assurer la relève. «Pour moi, c'est un plaisir et un enrichissement que de travailler avec cette troupe», assure-t-il. D'autre part, Belkacem Amar reconnaît la difficulté de mettre en scène cette pièce. «Antigone est le sommet de la tragédie, et la mettre en scène présente quelques difficultés tant la pièce se révèle, dramatiquement parlant, complexe.» «Il ne suffit pas d'adapter le texte à la scène, mais il faut essayer, et ce qui est fondamental, de ne pas altérer sa dramaturgie, c'est-à-dire respecter la philosophie et l'essence même du texte ainsi que préserver les valeurs humaines et esthétiques qu'il contient», ajoute-t-il. Belkacem Amar relève en outre que la pièce qui nécessite beaucoup de moyens techniques est marquée par un travail de création, contournant ainsi toute sorte de contrainte. Il s'agit autrement dit d'une adaptation et non pas d'une mise en scène intégrale du texte. S'exprimant, par ailleurs, sur le choix de la pièce, Belkacem Amar estime que «Antigone est toujours d'actualité parce qu'elle aborde diverses problématiques, à savoir la femme et la citoyenneté». Il explique, d'autre part, que ce texte, écrit par Sophocle, un dramaturge de la Grèce antique, traduit vers l'arabe par Abderramane Badaoui et réécrit par Ahmed Rabah spécialement, met en scène la présence de la femme, et ce dans une époque où celle-ci ne jouissait d'aucun statut ni social ni juridique. La femme apparaît avec toute sa personne, souveraine et résistante. Le texte oppose, selon l'orateur, la femme à l'homme. Il décrit une situation conflictuelle. Pour sa part, Mohamed Zerkaoui, comédien, qui indique que la pièce a été montée sur fond d'importantes mutations politiques ayant conduit à l'émergence pour la première fois du concept de démocratie, explique que le choix du texte s'explique par le fait qu'il s'agit d'une tragédie et que la troupe s'inscrit d'emblée dans cette veine. «Nous travaillons sur des textes qui comportent une charge dramatique. C'est notre style.» Jouer Antigone, un texte universel, ne signifie pas qu'il y a une crise de textes algériens, précise par ailleurs Belkacem Amar. «Ce qui est à relever, c'est bien la crise des metteurs en scène. Les textes existent, les comédiens sont là, mais il y a vraiment très peu de metteurs en scène», déplore-t-il. Et c'est pour cette raison, selon lui, que le théâtre algérien stagne depuis plusieurs années et n'arrive pas à s'améliorer et à innover. La pièce raconte comment les deux frères Polynice et Etéocle s'étant entretués, le Roi Créon interdit l'ensevelissement de Polynice, mais ordonne l'organisation des funérailles d'Etéocle. Face à cette injustice, Antigone décide d'enterrer son frère Polynice…