Scénographie n La troupe théâtrale Essarkha de l'association culturelle Mahfoudh-Touahri de Miliana a présenté, hier mardi, au Théâtre national, la générale d'Antigone. Le rideau se lève sur une scène quasiment vide : seules quelques colonnades y sont disposées de côté comme de l'autre, un décor qui nous rappelle le lieu du drame ; et dans ce décor de l'Antiquité (on est dans la Grèce antique), la tragédie s'accomplit telle une prophétie, et le destin d'Antigone est scellé : Etéocle et Polynice, deux frères, s'entretuent. Créon, le roi, décide d'accorder au premier des funérailles et de jeter la dépouille du second en pâture aux charognards. Révoltée, Antigone, sœur d'Etéocle et de Polynice, se dresse, par devoir moral, contre l'autorité, la fausse justice de la raison d'?tat. Résolue, elle brave l'interdit royal et se met au-dessus de la «loi» : elle ensevelit le cops de Polynice. Créon, son oncle, la condamne à mort. Le décor est sobre et mobile. Il se déplace, çà et là, à travers la scène ; et dans ce remuement, c'est l'espace qui se métamorphose. Il change de proportions, d'allures et de situations, même si la théâtralité reste la même. Il est conçu comme tel de manière à privilégier l'action dramatique incarnée par les personnages, pour mieux l'illustrer et, du coup, rendre clairement compte de l'attitude des protagonistes, attitude se révélant à travers un jeu moyen qui cherche à renvoyer sur scène toute la tragédie humaine (drame collectif) qui traverse la pièce jusqu'au bout. Ainsi, la scénographie s'assure comme étant l'expression pleine et permanente de l'action dramatique. Antigone illustre, à elle seule et avec courage, toute la tragédie exposée dans la pièce. Elle la porte lourdement et douloureusement tel un fardeau comme pour expier un péché. Elle souffre pour elle et pour les autres. Cette dramaturgie apparaît également dans son rapport avec Hémon, son amant. Tous deux, seuls sur scène, s'y meuvent dans une chorégraphie langoureuse. Ils se livrent à un jeu de séduction, érotisé et par le regard et par le geste. Un jeu qui se poursuit dans un rapport rapproché, dans un élan poétique, galvanisé par des pulsions intérieures, par des désirs refoulés. La dimension érotique du jeu renforce l'action dramatique et lui confère une tonalité forte et retentissante. Il est à souligner que le metteur en scène, se voulant imaginatif, a pris la liberté d'apporter quelques touches personnelles à la pièce (le texte est écrit par Sophocle, un dramaturge de la Grèce antique ), en y introduisant des séquences chorégraphiques. Cela donne au jeu plus de mouvement et de manières artistiques.