Résumé de la 1re partie n Le vœux des deux petites sœurs se réalisa. Marinette transformée en cheval et Delphine en ânon. Mais le pauvre grand cheval ne pensait pas à courir. Il regardait sa robe de petite fille, posée sur une chaise au chevet du lit, et à l'idée qu'il n'entrerait peut-être plus jamais dedans, il était malheureux et il tremblait des quatre membres. L'âne gris faisait de son mieux pour le rassurer et, voyant que toutes ses paroles ne pouvaient rien, il lui caressait l'encolure avec ses grandes oreilles douces. Quand la mère entra dans la chambre, ils étaient serrés l'un contre l'autre, le cheval baissant la tête sur celle de l'ânon et ni l'un ni l'autre n'osèrent lever les yeux. Elle trouva singulière l'idée de ses filles d'avoir introduit dans leur chambre ces deux animaux qui n'appartenaient même pas à leurs parents et se déclara très mécontente. — Au fait, où sont donc mes deux têtes folles ? Il faut qu'elles se soient cachées dans la chambre, puisque leurs habits sont restés sur les chaises. Allons, sortez de vos cachettes ! Je ne suis pas d'humeur à jouer... Ne voyant rien venir, la mère alla tâter les deux lits et, comme elle se penchait pour regarder dessous, elle entendit murmurer : — Maman... maman... — Oui, oui, je vous entends... Allons ? montrez-vous. J'ai à vous dire que je ne suis pas contente du tout... — Maman... maman... entendit-elle de nouveau. Et c'était de pauvres voix rauques qu'elle avait peine à reconnaître. Ne trouvant pas ses filles dans la chambre, elle se retourna pour les interroger, mais le triste regard que l'âne et le cheval fixaient sur elle, la laissa d'abord interdite. Ce fut l'âne qui parla le premier. — Maman, dit-il, ne cherche ni Marinette ni Delphine... Vois-tu ce grand cheval ? C'est lui qui est Marinette et c'est moi qui suis Delphine. — Qu'est-ce que vous me chantez ? Je vois bien que vous n'êtes pas mes filles ! — Si, maman, dit Marinette, nous sommes tes deux filles... La pauvre mère finit par reconnaître les voix de Marinette et Delphine. Appuyant leurs deux têtes sur ses épaules, elles pleurèrent longtemps avec elle. — Restez là un moment, leur dit-elle, je vais chercher votre père. Le père vint à son tour et, quand il eut bien pleuré, il réfléchit à la nouvelle vie qu'imposait à ses filles leur changement d'état. D'abord, il ne pouvait plus être question pour elles de loger dans leur chambre, qui se trouvait trop étroite pour ces grandes bêtes. Le mieux qu'on eût à faire était de les installer à l'écurie avec une litière fraîche et un râtelier bien garni de foin. Le père, marchant derrière elles, les suivit dans la cour et, regardant le cheval, murmura distraitement : — C'est tout de même une belle bête. Quand il faisait beau, l'âne et le cheval ne restaient guère à l'écurie et s'en allaient par les prés où ils passaient le temps à brouter et à parler des deux petites filles qu'ils étaient autrefois. — Tu te rappelles, disait le cheval, un jour qu'on était dans ce pré-là, il est venu un jars qui nous a pris notre balle... — Et il nous a mordu les mollets... Et les deux animaux finissaient par fondre en larmes. Aux heures des repas, quand les parents mangeaient, ils venaient s'asseoir dans la cuisine, à côté du chien, et suivaient tous leurs gestes d'un tendre regard. (à suivre...)