Résumé de la 102e partie n Denny guettait Neeve qui faisait son jogging. Il devait exécuter son contrat et ce, le plus vite possible... Jack avait réglé son pas sur le sien. Il la prit par le bras. «Neeve ?» C'était une question. Tandis qu'ils tournaient vers l'ouest, puis vers le sud, ralentissant peu à peu le train, elle lui parla de Renata. Ils quittèrent le parc à la Soixante-dix-neuvième Rue, parcoururent côte à côte les derniers blocs jusqu'à Schwab House, les doigts entremêlés. Lorsqu'elle prit les informations de sept heures à la radio, samedi matin, Ruth entendit la nouvelle de la mort d'Ethel. Elle avait avalé un somnifère à minuit et dormi d'un sommeil lourd, artificiel, troublé de cauchemars dont elle se souvenait vaguement. Seamus était arrêté. Seamus au tribunal. Cette sorcière, Ethel, en train de témoigner contre lui. Il y a des années, Ruth avait travaillé dans un cabinet juridique, et elle avait une idée assez précise du genre d'accusations qui pouvaient peser sur Seamus. Mais elle reposa sa tasse de thé d'une main tremblante en écoutant les nouvelles. Elle pouvait ajouter une charge supplémentaire : meurtre. Elle écarta sa chaise de la table et se précipita dans la chambre. Seamus se réveillait à peine. Secouant la tête, il passa sa main sur son visage, de ce geste particulier qui agaçait tellement Ruth. «Tu l'as tuée ! hurla-t-elle. Comment veux-tu que je t'aide si tu me caches la vérité ! — Qu'est-ce que tu racontes ?» — Elle alluma brutalement le poste de radio. Le speaker décrivait où et comment on avait retrouvé Ethel. «Tu as emmené les filles pique-niquer au parc Morrison pendant des années, cria-t-elle. Tu connais l'endroit comme ta poche. Maintenant, dis-moi la vérité ! Est-ce que tu l'as poignardée ?» Une heure plus tard, paralysé par la peur, Seamus se rendit au bar. On avait découvert le corps d'Ethel. Il savait que la police allait venir le chercher. Hier, Brian, le serveur de jour, avait assuré le service du soir. Pour manifester son mécontentement, il avait laissé le bar sale et en désordre. Le jeune Vietnamien qui s'occupait de la cuisine était déjà sur place. Lui, au moins, travaillait sans se faire prier. «Etes-vous sûr qu'il vous fallait venir, monsieur Lambston ? demanda-t-il. Vous semblez encore mal fichu.» Seamus fit un effort pour se rappeler les recommandations de Ruth. «Dis que tu as un début de grippe. Tu ne t'absentes jamais, généralement. Il faut leur faire croire que tu étais vraiment patraque hier, que tu as été malade pendant tout le week-end dernier. Ils doivent croire que tu n'as pas quitté l'appartement. As-tu parlé à quelqu'un ? Est-ce qu'on a pu te voir ? Cette voisine va obligatoirement leur raconter que tu es venu deux fois au cours de la semaine dernière.» «Ce sacré virus m'a repris, marmonna-t-il. J'étais mal foutu hier, mais j'ai dû rester couché pendant tout le week-end.» Ruth téléphona à dix heures. Comme un enfant, il écouta et répéta mot pour mot ce qu'elle lui dit. Il ouvrit le bar à onze heures. A midi, les derniers vieux habitués pointèrent leur nez. «Seamus, lança l'un d'eux d'une voix tonitruante, son visage jovial plissé d'un sourire, tristes nouvelles pour la pauvre Ethel, mais c'est formidable que tu sois débarrassé de la pension. La maison offre à boire ?» (à suivre...)