Résumé de la 24e partie n Charley demande à Denny Adler de tuer Neeve Kearny. Il commence par refuser, puis accepte parce que sa propre vie est en jeu, maintenant qu'il sait... Il sentit l'éclair du regard noir que le Grand Charley lançait dans sa direction. La voix gutturale devint brusquement sèche et claire et les mots tombèrent comme un couperet : «Tu deviens imprudent, Denny. J'ignore qui veut sa peau. Le type qui m'a contacté l'ignore aussi. Et le type qui l'a contacté ne le sait pas non plus. C'est ainsi que ça marche et on ne pose pas de questions. Tu n'es qu'un tocard, un minable, Denny, et certaines choses ne sont pas tes oignons. Maintenant, dégage.» La voiture s'arrêta brusquement au coin de la Huitième Avenue et de la Cinquante-septième Rue. Denny ouvrit la porte d'un geste hésitant. «Charley, excuse-moi, dit-il. C'était seulement...» Une bourrasque de vent s'engouffra dans la voiture. «Contente-toi de la fermer et fais en sorte d'exécuter le boulot.» Un instant plus tard, Denny regardait l'arrière de la Chevrolet de Charley disparaître dans la Cinquante-septième Rue. Il se dirigea vers Columbus Circle, acheta un hot dog et un coca à un marchand ambulant. Quand il eut fini, il s'essuya la bouche avec le dos de sa main. Il se sentait moins nerveux. Ses doigts caressèrent l'enveloppe volumineuse dans la poche de sa veste. «J'ferais aussi bien de commencer à gagner ma croûte», marmonna-t-il pour lui-même et il remonta Broadway vers la Soixante-quatorzième Rue et West End Avenue. Arrivé devant Schwab House, il flâna nonchalamment dans les parages, nota l'entrée de l'immeuble sur Riverside Drive. Aucune chance qu'elle passe par là. L'entrée sur West End Avenue était plus pratique. Satisfait, il traversa la rue et s'appuya contre l'immeuble en face. ?a ferait un point d'observation de premier ordre, décida-t-il. La porte s'ouvrit près de lui et un groupe de résidents en sortit. Préférant qu'on ne le remarquât pas, il s'éloigna d'un air désinvolte, calculant qu'il se fondrait dans le paysage dans ses vêtements de pochard pendant qu'il filerait Neeve Kearny. A quatorze heures trente, alors qu'il se dirigeait vers l'est de la ville, il passa devant une file de gens qui attendaient devant un guichet de cinéma. Ses yeux étroits s'agrandirent : Neeve Kearny se tenait au milieu de la queue, près d'un homme aux cheveux blancs dont Denny reconnut le visage. Son père. Denny hâta le pas, la tête rentrée dans les épaules. Et je ne la cherchais même pas, pensa-t-il. ?a va être le contrat le plus facile à exécuter qui soit. Le lundi matin, Neeve se trouvait dans le hall, les bras à nouveau chargés des vêtements d'Ethel, lorsque Tse-Tse, une actrice de vingt-trois ans, sortit en trombe de l'ascenseur. Ses cheveux blonds bouclés étaient coiffés comme Phyllis Diller à ses débuts. Elle avait les yeux maquillés d'ombres violettes et une jolie petite bouche peinte avec une moue de poupée Barbie. Tse-Tse, née Mary Margaret McBride, faisait toujours une apparition dans des spectacles d'avant-garde à Broadway, dont la plupart ne duraient pas plus d'une semaine. (à suivre...)