Résumé de la 6e partie n Les deux fillettes et le canard se mettent en monture et partent, comme un éclair, sur le dos du cheval noir, à la recherche du mouton. En écoutant ces tristes nouvelles du mouton, les petites avaient du mal à ne pas pleurer et le canard, lui-même, était très ému. Le cheval noir, qui en avait vu bien d'autres à la guerre, ne perdit pas la tête et dit à la fermière : — Ce Chemin Bleu dans lequel s'est engagé le cavalier, est-il encore bien loin ? — A l'autre bout du pays et vous ne le trouverez pas sans peine. Il vous faudrait quelqu'un pour vous conduire jusque-là. Débouchant au coin de la maison, le fils de la fermière, un garçon de cinq ans, s'avançait vers les voyageurs en tirant au bout d'une ficelle un joli cheval de bois monté sur des roulettes. Il regardait avec envie les deux petites qui avaient la chance d'être montées sur un cheval beaucoup plus haut que le sien. — Jules, lui dit sa mère, conduis donc ces personnes jusqu'au Chemin Bleu. — Oui, maman, répondit Jules et, sans lâcher son cheval de bois, il vint jusqu'à la route. — Je parie, lui dit le cheval noir, que tu voudrais bien monter sur mon dos ? Jules rougit, car c'était justement ce qu'il souhaitait. Marinette lui céda sa place et s'offrit à tirer le cheval de bois par la ficelle pour qu'il fût aussi de la promenade. Delphine installa le guide devant elle et le tint fermement à bras-le-corps tout en lui parlant des malheurs du mouton, tandis que le cheval noir allait de son pas le plus doux. Plein de compassion, Jules faisait des vœux pour la réussite de l'entreprise, offrant même ses services et déclarant qu'on pouvait disposer de lui comme de son cheval de bois. Ils étaient prêts tous les deux à courir les aventures les plus dangereuses du moment qu'il s'agissait de porter secours à un affligé. Cependant, Marinette allait quelques pas en avant, tirant toujours le cheval de bois sur lequel le canard s'était installé à califourchon. En arrivant au Chemin Bleu, elle aperçut, du haut d'une montée, une auberge devant laquelle était attaché un mouton. D'abord, elle en eut une vive émotion et le canard lui même en fut tout remué, mais, à mieux regarder, ils se persuadèrent bientôt qu'il ne s'agissait nullement de leur ami. Le mouton qu'ils apercevaient au bas de la descente était si petit qu'on ne pouvait s'y tromper longtemps. — Non, soupira Marinette, ce n'est pas le notre. Elle s'était arrêtée pour attendre ses compagnons. Le canard en profita pour monter sur la tête du cheval de bois, car il voulait voir de plus haut l'auberge et ses abords. Il lui semblait distinguer sur le cou du mouton quelque chose de brillant qui ressemblait à un sabre. Tout à coup, il s'agita sur la tête de bois et cria d'une telle force qu'il manqua tomber par terre : — C'est lui ! c'est notre mouton ! Je vous dis que c'est notre mouton à nous ! Derrière lui, on s'étonna. Assurément, il se trompait. Ce mouton de petite taille ne pouvait être qu'un étranger. Alors le canard se mit en colère. — Mais vous n'avez donc pas compris que son nouveau maître l'a fait tondre et que s'il ne vous paraît pas plus gros en tout qu'un agneau, c'est qu'il a perdu sa toison bouclée ? Le soldat aura sans doute vendu la laine pour se désaltérer à l'auberge. (à suivre...)