Résumé de la 7e partie n Les amis du mouton continuèrent leur recherche jusqu'à ce qu'ils l'apperçoivent. Ils ont eu du mal à le reconnaître... La souffrance commença à le transformer. Ma foi, dit le cheval noir, ce doit être vrai. Ce matin, il n'avait plus un sou en poche et je ne pense pas qu'on lui donne à boire à crédit. Connaissant l'ivrogne, j'aurais dû penser que nous avions des chances de le retrouver dans la première auberge de rencontre. En tout cas, il faut s'assurer que c'est bien là notre mouton. L'assurance qu'il demandait lui fut donnée par le mouton lui-même qui venait d'apercevoir le groupe au sommet de la montée et qui sut très bien faire entendre aux petites qu'il les avait reconnues. A plusieurs reprises, il cria : «Je suis votre mouton», tout en faisant des gestes pour les inviter à la prudence. Après qu'il eut crié pour la troisième fois, on vit apparaître le soldat sur le seuil de l'auberge. Sans doute venait-il s'informer de la raison de ces cris. Avant de rentrer, il eut un geste de menace à l'adresse du mouton. Par bonheur, l'idée ne lui était pas venue de regarder vers le haut de la montée, car le cheval noir n'était pas si loin qu'il n'eût pu le reconnaître, ce qui n'aurait pas manqué d'éveiller sa méfiance. Il est vrai qu'il avait déjà bu beaucoup et qu'il commençait à voir trouble. — A ce que je vois, dit le canard à ses amis, notre mouton est surveillé de bien près. Ce n'est pas pour faciliter les choses. — Que comptais-tu donc faire ? demanda le cheval noir. — Ce que je comptais faire ? mais détacher le mouton sans être vu et le ramener à la ferme. Et j'y compte encore. — J'ai peur que l'entreprise n'aille pas toute seule. Et quand tu réussirais, crois-tu donc que le mouton serait sauvé ? En sortant de l'auberge, le soldat, ne voyant plus sa monture, pensera qu'elle s'est échappée pour retourner auprès de ses anciens maîtres et il ira aussitôt réclamer à la ferme où l'on ne pourra pas moins faire que de la lui rendre. Il y a même à parier que le mouton se verra administrer une volée de coups de bâton, trop heureux si l'autre ne lui fait tomber la tête au fil de son sabre. Non, canard, crois-moi, il faut trouver autre chose. — Trouver autre chose, c'est bientôt dit, mais quoi ? — C'est à toi d'y réfléchir. Pour moi, je ne peux vous aider en rien et ma présence risque plutôt de vous être une gêne. Je cours donc de ce pas prévenir l'oncle Alfred comme il a été convenu et je reviendrai de ce côté à votre rencontre. Puisse le mouton être parmi vous ! Delphine et Jules ayant mis pied à terre, le cheval s'éloigna au galop et ceux qui restaient tinrent conseil. Les petites n'avaient pas perdu tout espoir d'apitoyer le soldat, mais Jules croyait plus sûr de l'intimider. — Dommage que je n'aie pas ma trompette, disait-il. Je lui aurais fait «tût sous le nez et je lui aurais dit : «Rendez le mouton.» Le canard, lui, contre l'avis du cheval noir, ne renonçait pas à son projet de détacher le mouton et il était en train de convaincre ses amis lorsque le soldat sortit de l'auberge en titubant. Il parut d'abord hésiter, mais, après avoir assuré son casque sur sa tête, il se dirigea vers le mouton avec l'intention évidente de se remettre en route. Du coup, le canard dut abandonner son projet. En ce pressant péril, une idée lui vint à propos. Il se cala sur le cheval de bois et dit à ses compagnons : — Nous avons la chance qu'il nous tourne le dos. Profitez-en et poussez-moi à fond de train dans la descente. Il faut qu'en arrivant au bas de la côte, il me reste assez d'élan pour monter les quelques mètres de pente qui mènent à l'auberge. (à suivre...)