Résumé de la 4e partie n Les animaux ont montré patte blanche. Ils se concertent sur la façon de faire face à la méchanceté des maîtres de la ferme. Je vous suis bien obligé, riposta le cheval noir, mais je n'ai nulle envie d'entrer dans votre écurie. Si vous avez pu vous flatter de faire un marché avantageux, il est temps de revenir de votre erreur. Sachez-le, je suis bien résolu à ne vous appartenir jamais et, pour votre malheureux mouton, c'est comme si vous l'aviez échangé contre du vent. Il ne vous reste à sa place que le remords d'avoir été injustes et cruels. — Cheval noir, dirent les parents, tu nous fais beaucoup de peine. A la vérité, nous ne sommes pas aussi méchants qu'il peut sembler. Ce qui est sur, c'est qu'en t'offrant une place dans notre écurie, nous n'avons en tête que le souci de rendre service à un cheval qu'une course déjà longue a sans doute fatigué. Tu as bien mérité de te reposer... Tout en lui tenant ce discours, ils manœuvraient sournoisement à s'approcher de l'animal afin de lui passer la bride. Le cheval noir ne voyait pas le manège et peu s'en fallut qu'il s'y laissât prendre. Déjà les petites s'étaient éloignées pour aller dresser la table de midi et les bêtes de la ferme se dispersaient ainsi qu'elles en avaient reçu l'ordre. Heureusement, le canard, qui s'était réfugié derrière le puits, avait passé sa tête au coin de la margelle. Il comprit clairement le danger. Oubliant toute prudence pour son compte, il se dressa sur ses pattes et cria en battant des ailes : — Attention, cheval noir ! attention aux parents ! ils cachent une bride et un mors derrière leur dos ! Le cheval n'eut pas plus tôt entendu l'avertissement qu'il bondit des quatre fers et courut se réfugier à l'autre bout de la cour. — Canard, je n'oubliera pas le grand service que tu viens de me rendre, dit-il. Sans toi, c'était fait de ma liberté. Mais dis-moi, n'y a-t-il pas quelque chose que je puisse faire pour toi ? — Bien aimable, répondit le canard, mais je ne vois pas trop. J'aurais besoin d'y réfléchir. — Prends ton temps, canard, prends ton temps. Je repasserai un jour ou l'autre. Sur ces mots, le cheval gagna la route et partit d'un trot léger que les parents ne regardèrent pas sans mélancolie. Au repas de midi, ils n'échangèrent pas trois paroles et montrèrent un visage sombre. Ils songeaient avec une anxiété bien compréhensible à la colère que ferait l'oncle Alfred en apprenant qu'ils avaient échangé contre du vent le mouton de leurs petites filles. Delphine et Marinette n'étaient pas fâchées de leur voir ce front tourmenté, mais rien ne pouvait les consoler d'avoir perdu leur meilleur ami et, au sortir de table, elles passèrent dans le pré pour y pleurer à leur aise. Le canard passa par là et, après les avoir interrogées, ne put que pleurer avec elles. — Qu'avez-vous à pleurer, tous les trois ? demanda une voix derrière eux. C'était le cheval noir qui venait aux nouvelles. Il s'informa auprès du canard s'il y avait quelque chose qu'il put faire pour soulager son chagrin. — Ah ! s'écria le canard. Si vous rameniez leur mouton aux deux petites que voilà, je serais le plus heureux des canards. (à suivre...)