Les formules diverses de crédits se multiplient et les Algériens sont de plus en plus nombreux à y recourir. 2006 a enregistré un encours de crédits de l'ordre de 1 850 milliards de dinars dont 205 milliards accordés dans le cadre des prêts immobiliers et des crédits à la consommation. Mais chaque médaille a son revers… Dans l'impossibilité de payer cash, des millions d'Algériens disent trouver leur salut dans cette pratique «new-look». Une véritable bouffée d'oxygène qui leur permet de contourner la spirale effrénée d'un pouvoir d'achat en éternelle érosion. Les banques y trouvent le filon porteur. Ils proposent une kyrielle de produits. Des profits juteux sont réalisés dès l'entame de l'opération. Selon l'Association des banques et établissements financiers (Abef), l'année 2006 a enregistré un encours de crédits de l'ordre de 1 850 milliards de dinars dont 205 milliards de dinars accordés dans le cadre des prêts immobiliers et des crédits à la consommation. Le constat est là : les crédits à la consommation, relancés dans un premier temps par Société Générale Algérie et BNP Paribas El Djazaïr, vite relayé ensuite par le français Cetelem, commencent réellement à prendre de l'ampleur. Concessionnaires de véhicules utilitaires, «sous-traitants» de boîtes étrangères, se frottent également les mains. Les économistes, eux, relient tout cela avec le triptyque consommation-production-emploi et de son impact réel sur les équilibres macro-économiques du pays. Tel qu'il est dépeint, le tableau reste superbement beau. Sauf qu'en économie, les effets secondaires sont, du point de vue social, assez lourds à supporter. Ils donnent carrément froid dans le dos. A chaque chose son côté pile, comme les effets secondaires d'un médicament. L'endettement sans cesse rééchelonné des ménages, additionné à une quête d'une vie décente que la seule mensualité ne peut satisfaire, risquent de mener directement au gros et insoluble problème de surendettement. «Les crédits à la consommation c'est bien, mettre des règles pour éviter le surcoût du surendettement est encore meilleur», a prévenu Abderahmane Benkhalfa, délégué général de l'ABEF. En cas de recours excessif à ce type de prêts, nos banques qui ont aujourd'hui la vocation des crédits à la consommation, ont-elles prévu des procédés pour prévenir le risque du surendettement, comme la révision des conditions de crédits par exemple ou la mise en place d'un «fonds de garantie»? Avant chaque opération de prêt, les établissements financiers préviennent-ils les particuliers et les ménages contre tout risque de surendettement ? Toujours selon le baromètre de l'Abef, le marché du crédit aux ménages et aux particuliers avoisine «un taux annuel d'expansion de 20%». Mais si le délégué général de l'Abef estime que «cette expansion est maîtrisée du fait qu'il n'y a pas une réelle accumulation des impayés», il n'en demeure pas moins que la démocratisation du crédit à la consommation dans une conjoncture de précarité de l'emploi risque d'avoir ses effets pervers. En effet, à mesure que le nombre des emprunteurs augmente, le montant des prêts augmente aussi avec comme corollaire un grand risque des impayés. Les citoyens risquent ainsi de crouler sous les dettes. Les banques, eux, iront chercher qui les remboursent. A défaut, ils n'auront que la saisie du bien comme solution.