L'arrivée en masse de la main-d'œuvre étrangère semble pénaliser cette frange de citoyens qui se sentent mal considérés par rapport aux étrangers et ce en dépit de leurs compétences avérées dans le domaine. «Les petits entrepreneurs préfèrent toujours faire appel à des travailleurs étrangers, notamment les Africains qui sont en situation irrégulière en Algérie. Ils leur donnent des salaires encore plus dérisoires que les nôtres. Les employeurs font donc du chantage et nous sommes obligés de céder. Qui a dit que l'époque de l'esclavage est révolue ?», s'interroge Abderrahmane, un ouvrier rencontré dans un chantier à Dély-Ibrahim. La quarantaine bien entamée, cet enfant de Sour El-Ghouzlane est toujours célibataire. L'idée de fonder un foyer ne l'a d'ailleurs pas effleuré. «Si cette situation perdure, je ne vais jamais leurrer une femme car, avec ces quelques sous de misère, je ne pourrai jamais subvenir aux besoins d'une famille. Que ceux que l'Algérie a gâtés se marient», ajoute-t-il d'un ton on ne peut plus amer. Les ouvriers étrangers ne se limitent pas aux clandestins et aux employés des sociétés étrangères implantées à Alger. Il y a également ceux résidant légalement dans notre pays et qui exercent dans les métiers du bâtiment. Les Egyptiens se spécialisent dans le béton, les Tunisiens et les Marocains dans le plâtre et les Jordaniens dans la peinture. Ces derniers sont organisés en groupe et ils négocient les tarifs à leur guise avec les entrepreneurs ou les particuliers qui semblent séduits par leurs talents dans ces métiers manuels. Ils sont préférés aux Algériens, même s'ils exigent des salaires parfois exorbitants, nous ont indiqué des employés que nous avons rencontrés dans les chantiers. «Je ne comprends pas pourquoi les employeurs ont toujours ce complexe vis-à-vis des étrangers, alors que nous faisons le même boulot. Ils croient que ces employés venus d'autres pays sont plus sérieux que nous, ce qui est totalement faux», s'indigne un maçon, originaire de Béjaïa et ayant passé plus de dix ans dans les chantiers d'Alger.