Les pouvoirs publics semblent réussir leur pari de contenir les flux de la main-d'œuvre étrangère en Algérie. La main-d'œuvre étrangère représente actuellement seulement 0,5% de la population occupée dans notre pays, a annoncé hier le DG de l'Emploi au ministère du Travail. «Le taux de la main-d'œuvre étrangère reste marginal dans notre pays», a assuré Saïd Annan sur les ondes de la radio nationale. Il a ajouté que l'Algérie a réussi à réguler les flux des étrangers par rapport à ses besoins. Il existe aujourd'hui 137 nationalités sur le sol national. L'année dernière, près de 45.000 permis de travail ont été délivrés pour des étrangers dont la moitié pour les seuls Chinois. Ces chiffres demeurent ainsi symboliques par rapport à notre population active. Selon les chiffres du ministère du Travail et de la Sécurité Sociale, la main-d'œuvre étrangère non-qualifiée représente seulement 0,01% de la main-d'œuvre étrangère en Algérie (33% de la main-d'œuvre étrangère est constituée d'ingénieurs et de techniciens supérieurs, 32% de technicien et de chefs d'équipes et 34% sont des travailleurs hautement qualifiés). «Nous avons les ressources humaines pour conduire nos projets et pour réaliser notre développement», soutient le même responsable. La main-d'œuvre étrangère établie en Algérie passe de 543 en 1999 à 45.000 en 2009. Les Chinois arrivent en tête suivis des Egyptiens (11 %), des Italiens (4 %), les Philippins, les Américains et les Français. La moitié de cette main-d'œuvre est employée dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Le secteur des services n'emploie que 3,6 % d'étrangers. Cette maitrise des flux migratoires de la main-d'œuvre étrangère en Algérie a été possible suite aux dernières mesures restrictives prises par le gouvernement pour accorder la préférence nationale aux compétences algériennes. D'ailleurs, le gouvernement a promulgué un décret exécutif n°09-272 du 9 Ramadhan 1430 correspondant au 30 août 2009, modifiant et complétant le décret n° 86-276 du 11 novembre 1986, pour fixer de nouvelles conditions de recrutement des personnels étrangers dans les services de l'Etat, des collectivités locales, établissements, organismes et entreprises publiques. Ce texte de Loi traite désormais les fonctionnaires étrangers recrutés en Algérie sur le même pied d'égalité que les nationaux. Le premier amendement apporté par cette Loi concerne l'article 8 bis de l'ancien décret n° 86-276 du 11 novembre 1986, modifié et complété, susvisé, et modifié, complété et rédigé comme suit : «…les personnels étrangers recrutés pour exercer les fonctions de professeur hospitalo-universitaire, professeur, maître de conférences hospitalo-universitaire classe «A», maître de conférences classe «A» , maître de conférences hospitalo-universitaire classe «B» et maître de conférences classe «B» au sein des établissements d'enseignement supérieur perçoivent le traitement de base de leurs homologues algériens. En somme, la nouvelle Loi autorise le recrutement du personnel étranger hautement expérimenté pour assurer l'accompagnement et l'assistance des nouveaux employés spécialisés dans les secteurs les moins-maîtrisés en Algérie, mais sous les mêmes conditions des nationaux. Parmi les autres mesures prévues par ce texte de Loi, il y a un chapitre interdisant au personnel étranger le cumul de postes d'emploi ou de tâches professionnelles. Le personnel étranger n'aura pas droit d'exercer ou d'occuper un poste d'emploi en dehors des institutions étatiques. Cette interdiction semble concerner surtout les universitaires et les hospitalo-universitaires étrangers tentés de travailler à mi-temps chez le privé. Il faut avouer que cet amendement des conditions de recrutement du personnel étranger par les institutions de l'Etat -était devenu nécessaire- puisque l'Algérie dispose aujourd'hui de compétences nationales avérées dans tous les secteurs d'activité. Autre cause de ces amendements est que le personnel étranger était favorisé par rapport aux compétences nationales puisque les étrangers, coopérants dans les universités ou hospitalo-universitaires percevaient des salaires trois à six fois plus supérieurs que leurs collègues algériens. Une «injustice» qui avait poussé de nombreuses compétences nationales à choisir d'autres cieux. Il y a eu aussi ces dernières années l'apparition inquiétante de nombreux dépassements sur le terrain dans de nombreux secteurs d'activité. L'arrivée massive de la main-d'œuvre chinoise avait finalement poussé le gouvernement à revoir la législation.