Il y a neuf ans, Hirotada Ototake, né sans bras ni jambes, avait ému le Japon en racontant sa jeunesse dans un best-seller autobiographique. Aujourd'hui enseignant, il souhaite apprendre aux jeunes Japonais à «chérir la différence» dans une société encline au conformisme. Début avril, période de rentrée scolaire dans l'Archipel, Hirotada Ototake a entamé sa carrière d'instituteur dans une école primaire de Tokyo. «C'est une grande journée pour moi !», a-t-il déclaré lors d'une cérémonie de bienvenue à de nouveaux élèves attentifs. «Certains d'entre vous m'ont demandé comment j'allais m'y prendre pour faire cours. Vous devrez parfois m'aider à écrire au tableau», leur a expliqué le jeune instituteur, costume gris et cravate rose, se tenant droit sur son fauteuil roulant. «Mais je m'efforcerai aussi d'écrire en plaçant la craie entre ma joue et mon épaule», a-t-il conclu de sa voix claire, tandis qu'une poignée de curieux s'approchaient pour l'observer et le caresser. Ce Japonais de 31 ans est atteint d'une maladie congénitale rare qui ne lui a laissé que des membres rudimentaires mesurant une vingtaine de centimètres chacun. En découvrant son nouveau-né, sa mère, à qui l'on avait caché son infirmité pendant trois semaines, s'était exclamée : «Comme il est mignon !», raconte-t-il dans son autobiographie publiée en français, sous le titre : Personne n'est parfait. «Etre accepté dès ma naissance par mes parents a déterminé la suite de ma vie et lui a donné tout son sens», a-t-il récemment expliqué.