Résumé de la 2e partie n Samedi, le rendez-vous du crime. Nagel est sur les lieux. L'inspecteur Fritz attend l'autorisation de son patron pour procéder à l'arrestation. «Allez-y, Fritz, je tente ma chance. S'il a une arme sur lui, arrêtez-le... Je vous envoie du renfort.» Quelques secondes plus tard, Fritz bloque d'une main l'épaule du jeune homme et de l'autre, fouille la poche de son imperméable. «Police ! Donnez-moi ça ! Et vous autres, restez là!» Il s'agit bien d'un revolver : un Walter 7,65. Fritz demande aux jeunes gens qui les entourent, en désignant le garçon : «Qu'est-ce qu'il voulait ? — Rien, m'sieur... rien.» Mais, à chaque extrémité de la rue, des sirènes de police se font entendre, et Fritz n'a, de ce fait, aucun mal à obtenir la vérité : Arnaud Nagel demandait à ces jeunes fanatiques des armes s'ils voulaient échanger un revolver contre le sien. Dans une petite salle d'attente nickelée attenant au bureau du commissaire principal, Arnaud Nagel, vingt-quatre ans, attend, assis entre deux policiers. Il est grand, plutôt mince, calme, un long visage un peu triste, un grand nez légèrement recourbé, la bouche pas très énergique mais bien dessinée, le regard intelligent et profond. Sur ce long visage, des cheveux châtains, correctement coiffés, une raie sur le côté, les oreilles bien dégagées sont plutôt belles. Bref, un garçon on ne peut plus sympathique, et même attirant. Le contraire du visage d'un tueur tel qu'on l'imagine. Un instant, une porte s'ouvre et le procureur passe la tête, souriant au garçon : «Bonjour, Arnaud... ?a va ? — Oui, monsieur le procureur.» La porte se referme, et de l'autre côté le procureur lève les bras au ciel. «Mais vous êtes cinglé, commissaire ! Je sais qu'il vous faut un coupable, un coupable à tout prix, mais pas celui-là ! Si vous voulez mettre quelqu'un en cabane pendant quelque temps pour calmer l'opinion publique, trouvez un petit truand, un fou évadé un débile mental, cela ne manque pas, il y en a plein les rues ! Mais pas ce garçon !» Le commissaire, impavide, sait qu'il faut laisser passer l'orage et ne répond rien. Il laisse poursuivre : «Moi aussi, commissaire, j'ai fait mon enquête : ce garçon n'est pas l'assassin. Je ne me base pas sur les apparences physiques qui, soit dit en passant, prêchent en sa faveur. J'ai rarement vu un tel sérieux, un tel sens de la responsabilité chez un garçon de cet âge. J'irai, même jusqu'à dire qu'il est d'une rare dignité. — Une dignité qui ne l'empêche pas de se promener avec un revolver... — Allons, commissaire, il n'est pas le seuI. Ce n'est pas un mystère qu'il s'entraîne au tir une fois par semaine et, si j'avais un fiIs, j'aimeras qu'il devienne ce qu'il est. ?a, mon vieux, vous ne pouvez pas le comprendre, vous n'avez pas d'enfant. Mais laissons cela. Voyons plutôt les faits. Et les faits, les voici : c'est que le WaIter 7,65 qu'on a trouvé sur lui n'a tué personne.» Alfred Glucksman ne répond pas. Contrairement à ses déductions, l'expertise a démontré que le revolver dont voulait se débarrasser Arnaud Nagel n'a tué personne. Comme il l'affirme, le jeune homme voulait simplement l'échanger, selon toute apparence. Alors, que pourrait-il répondre ? «Un autre fait, poursuit le procureur, est le rapport de l'expert qui a déterminé sa libération. Il est net et formel. Il admettait ce que la police avait déjà accepté : à savoir qu'il s'agissait d'un accident, transformé en crime à la suite d'un affolement dû à son âge. Pour cet expert, que sa longue expérience rend digne de foi, il s'agit vraiment d'un accident dans la vie de ce garçon. Et il n'y a aucun risque de le voir se reproduire. Tout montre, en effet, que cet expert avait raison au sujet d'Arnaud. (à suivre...)