Selon ce spécialiste, les attentats suicides sont interdits par l'Islam, et toute dimension spirituelle que l'on veut attribuer à ces actes n'est qu'illusion. «L'Islam n'a jamais permis que l'on se suicide quelle que soit la manière et rien ne peut justifier le suicide dans la mesure où la vie d'un être humain, création de Dieu Tout- Puissant est supérieure à toutes les autres valeurs», a asséné Malek Chebel, anthropologue et islamologue algérien de renom établi en France. Il affirmera surtout que le terrorisme et l'acte kamikaze en particulier, souvent collés pernicieusement à l'Islam «est une création chiite». «Dans le dogme chiite, il y a une vision du monde qui se fonde sur la martyrologie, sur le fait que le martyr a sa place auprès des anges dans l'au-delà et à partir de là, il y a justification de l'acte suicidaire tel qu'il est préconisé par les mollahs dans le cadre d'une guerre qui en aucun cas ne peut être juste dans la mesure où le kamikaze cible des civils qui sont musulmans», a-t-il expliqué ce matin lors de son passage sur les ondes de la Chaîne III. Il dira plus loin que l'histoire des musulmans «retient cette notion de kamikaze depuis au moins l'époque de Hassan Sabah et depuis l'affaire des Hashachines d'où le mot français assassin». L'auteur de «L'Islam et la Raison» expliquera cette dénomination par le fait qu'on «droguait, à l'époque des soldats au hashisch avant de les envoyer faire des attentats suicides tout autour des sultans et vizirs». Ainsi, partant du fait que le «musulman doit tenir absolument à sa vie, En aucune façon l'acte suicidaire ne peut être récompensé ni ici-bas ni dans l'au-delà», argumentera Malek Chebel pour qui l'acte kamikaze «n'a aucune évaluation spirituelle». De ce point de vue, Chebel préconise que la notion même de guerre sainte ne doit plus être utilisée. «Il n y a maintenant aucune guerre qui peut être sainte. L'association de mot «guerre» et du mot «saint» est un abus de langage et même un abus de pouvoir.» Poussant encore plus loin son analyse, il relèvera «une sorte d'aplatissement de deux notions dans la mesure où une guerre initiée par une autorité religieuse est considérée par beaucoup de jeunes soldats perdus comme étant une guerre menée au nom de Dieu». Et c'est justement là où se situe la complexité. «Je pense qu'il faut faire le distinguo entre l'autorité religieuse qui préconise le bien pour l'affirmation d'un Islam de lumières et une autorité religieuse dévoyée qui au nom de ses principes envoie d'abord ses propres adeptes se crasher avec leurs bombes et mettent ensuite en péril la communauté musulmane.» Partant de là, l'anthropologue exhorte les autorités, les imams, les théologiens, les gens de bonne foi à se mobiliser pour établir la ligne de conduite et montrer les points du clivage ou la ligne rouge qu'il ne faut pas dépasser.