«L'Orient et l'Occident» est l'intitulé du récital poétique animé, hier, au Centre culturel français d'Alger par Marcel Bozonnet et Cecile Falcon. Tous les deux ont lu des poèmes de Goethe, Baudelaire, Ronsard, Apollinaire, Lamartine…, mais aussi de Jean Amrouche, Djamel Amrani, Ibn Zeydoun, Mohamed Benguitoun, Nizar Kabbani, et autres poètes, d'Orient comme d'Occident, qui ont marqué, par leur sensibilité et leur verve, la poésie universelle. Les deux protagonistes ont laissé entendre une poésie plurielle : tantôt ils déclamaient les plaisirs vécus, tantôt ils racontaient les peines endurées, parfois ils disaient la séparation connue, et parfois ils évoquaient les retrouvailles inespérées, le tout se laissait entendre sans fin ni mesure. Beau et riche, le récital, qui est un montage de poèmes, se voulait comme un voyage en vers, explorant des sensibilités, il se voulait comme une rencontre, une douce et agréable rencontre entre l'Orient et l'Occident, une rencontre heureuse, faite de partage de mots, de sentiments, de désirs et de plaisir, celui de l'écoute. Une écoute attentive, qui s'abreuve de chaque vers. Les vers, telle une chevelure soyeuse, tombaient, un à un, dans une cascade diaprée, claire, scintillante, ou resplendissante de lumière. Splendeur, exaltation de mots, si seulement cela durait !, car chacun, comme une pétale, s'envole dans l'air, et il ne reste de son élan lyrique que la tonalité, musicale et savoureuse. La poésie, qui se disait pleinement dans un cérémonial pieux comme une romance, un récit inachevé, paraît comme un chemin retrouvé, une concubine razziée qui glisse en chacun et l'abreuve de son charme. Telle une brise, elle souffle une joie de vivre, un bonheur de rêver, de se laisser emporter dans ce lointain rivage, car, en effet, la poésie est comme un rivage, mais immatériel qu'on croit atteindre mais qui se révèle inaccessible. La poésie est comme l'amour : insoluble. Elle est toutefois légère, éthérée qui renaît en nous, puisqu'elle est la rose de la vie, et comme toute rose, elle a des épines pour se protéger de cette main qui veut la cueillir. Enfin, les diseurs de vers laissaient entendre une poésie qui, tel un monde aimable à contempler, se révèle comme l'art d'aimer ; la poésie est la lune noyée en nous, titillant nos sens. Son parfum capiteux, sa saveur enivrante nous font choir dans un bel étourdissement. Et l'ouïe n'en demande pas plus.