Bataille n Arrivé largement en tête du premier tour et donné vainqueur par les premiers sondages hier soir, Nicolas Sarkozy n'est cependant pas assuré de succéder à Jacques Chirac le 6 mai prochain. Suspendus en vertu de la loi électorale française 48 heures avant le scrutin, les sondages d'opinion ont aussitôt repris dès l'annonce des résultats du 1er tour, soit dimanche dans la soirée. La première enquête d'opinion post-premier tour conforte les résultats de ce dernier puisqu'elle donne Nicolas Sarkozy largement vainqueur de sa rivale socialiste au second tour, le 6 mai prochain. Le candidat de la droite recueillerait ainsi, 54 % des voix des Français contre seulement 46 % pour Ségolène Royal selon une enquête de l'institut Ipsos réalisée par téléphone juste après l'annonce des résultats hier soir. 14% des personnes se disant certaines d'aller voter n'ont cependant pas exprimé d'intentions de vote. 88% des sondés se disent, en revanche, sûrs de leur choix : 87% en ce qui concerne les électeurs affirmant vouloir voter Sarkozy et 89% pour Mme Royal. Selon une autre enquête de l'institut BVA, Nicolas Sarkozy obtiendrait 52% au second tour de l'élection présidentielle contre 48% à Ségolène Royal. Enfin, un sondage de la CSA accrédite le chef de l'UMP de 53,5% et la candidate socialiste de 46,5%. Les analystes estiment, toutefois, que l'ancien ministre de l'intérieur n'est pas encore tout à fait assuré de succéder à Jacques Chirac au soir du 6 mai prochain. Pour cela, il devrait d'abord livrer bataille pour le ralliement des voix du candidat centriste François Bayrou. Le score élevé réalisé par ce dernier (environ 18 % des suffrages) laisse, en effet, le scrutin ouvert à toutes les éventualités en dépit de l'avance confortable de Sarkozy sur Ségolène Royal (près de 5 points). L'urgence est donc à convaincre le fort potentiel électoral centriste. Pour le moment, François Bayrou n'a pas donné de consigne de vote à ses troupes. Même si Sarkozy part favori, Ségolène Royal et son entourage restent rassurés et peuvent jouer sur au moins un registre : la personnalité très controversée du candidat de droite. D'aucuns parmi les analystes estiment en effet que le second tour pourrait tourner au référendum «pro ou anti-Sarkozy», une personnalité «forte» mais qui «pose problème à beaucoup». «Je ne connais pas de précédent concernant un futur président potentiel qui provoque tant de haine et de rejet», jugeait hier un chercheur en sciences politiques. Les quelque 7 millions de Français qui ont voté pour Bayrou tiennent donc les clés de l'Elysée et il ne semble pas acquis qu'ils voteront pour Sarkozy. Ni même pour Royal. Ils représentent, en fait, ceux qui tentent de briser la bipolarité gauche-droite imprimée à la vie politique française depuis l'avènement de la Ve république. Les convaincre dans les deux prochaines semaines équivaudrait à augmenter sensiblement ses chances de succéder à Jacques Chirac. La bataille s'annonce d'ores et déjà rude.