C'est l'heure de vérité ! Les Français sont appelés à trier, parmi les douze postulants à la présidence, deux « meilleurs candidats » éligibles au deuxième tour de cette élection. Paris. De notre envoyé spécial En effet, ils sont 44,5 millions d'électeurs à se rendre, aujourd'hui, aux urnes pour désigner les deux personnes aptes à succéder au président sortant, Jacques Chirac, à la tête de l'Etat, le 6 mai prochain. Les douze concurrents qui avaient l'occasion de faire l'éloge de leurs programmes respectifs, durant plusieurs mois, seront donc suspendus au verdict du peuple français. Celui-ci doit exprimer sa satisfaction ou son mécontentement de la prestation de chaque candidat lors de la campagne électorale ayant pris fin, vendredi à minuit. Mais, les électeurs et les quartiers généraux des partis gardent toujours le souvenir du « séisme politique » du 21 avril 2002. L'accession, ce jour-là, du chef de file de l'extrême-droite, Jean-Marie Le Pen au deuxième tour du scrutin au détriment du candidat socialiste, Lionel Jospin, a secoué le pays. C'était la plus grosse surprise. Pour ce nouveau rendez-vous, les Français, du moins les militants des différentes tendances politiques, ont déjà exprimé leur crainte de voir l'expérience de 2002 se reproduire cette fois encore. Près de 80% des Français ont qualifié l'éventuelle élimination de la gauche au premier tour et le passage au second de Jean-Marie Le Pen de « catastrophe ». Cependant, le président du Front national (FN) tente de montrer, contrairement à 2002, une image plus lisse. Le Pen crie à qui veut l'entendre qu'il est « du centre-droit ». Il a essayé même de draguer les électeurs issus de l'immigration en posant, dans des affiches de campagne, avec une jeune fille d'origine immigrée. Il veut, semble-t-il, chasser sur le terrain de ses sérieux rivaux, Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Si les sondages donnent toujours Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal comme favoris de ce scrutin, la prestation des autres candidats aux derniers jours de la campagne électorale peut renverser la donne. Le patron de l'UDF, François Bayrou, et le plus jeune candidat, Olivier Besancenot, ont réussi une fin de campagne spectaculaire et talonnent les deux premiers des sondages. Selon les observateurs de la scène politique française, Bayrou et Besancenot ont fait une très bonne campagne. Aidé par les appels à l'alliance UDF-PS au premier tour, lancés respectivement par l'ancien Premier ministre socialiste, Michel Rocard, et Bernard Kouchner, Bayrou a réalisé une percée en l'espace de quelques jours. Il s'est retrouvé au coude à coude avec la candidate du PS et menace Nicolas Sarkozy. Il peut créer la surprise en raflant les militants de la gauche et de la droite. Olivier Besancenot a, lui aussi, fait une très bonne campagne, même si ses chances de passer le cap du premier tour demeurent minimes. Quant à Nicolas Sarkozy, son rendement durant cette étape est juste bon. Axant sa campagne sur « le rétablissement de la valeur du travail » et son « désengagement de la politique ultralibérale et des valeurs défendues par l'extrême-droite », le président de l'UMP a sauvegardé sa place du premier favori. La candidate socialiste, en revanche, a fait, selon toujours les observateurs, « la plus mauvaise campagne ». « Elle s'est beaucoup éloignée des valeurs défendues par sa formation politique », estime-t-on. Sa tentative de redresser la barre, durant les derniers jours de campagne, est venue en retard. Toutefois, rien n'est encore joué. Les candidats bénéficient encore d'une journée de sursis avant de connaître le sort qui leur a été réservé, vers 20 h. A noter, enfin, que près d'un million de Français vivant dans les territoires d'outre-mer et en Amérique avaient voté hier.