Les trois solistes jordaniens d'origine palestinienne que forme le groupe Khoury se lâcheront vers la fin donnant lieu à un récital poétique des plus vigoureux et à un voluptueux apparat sensoriel. La seconde et dernière soirée entrant dans le cadre de l'événement Palestine live a été tout aussi intéressant que la veille. Entrant dans le cadre d'El Qods, capitale de la culture arabe, néanmoins ces soirées même épisodique nous ont permis de rappeler à nos mémoires les déchirures et souffrances que vit le peuple palestinien. Pour ce faire, comme la veille, il a été programmé en première partie, un documentaire de Mohammed Alatar. Son second film après Iron Wall est intitulé, Jerusalem The East Side Story. Dans ce documentaire de 56 minutes produit par Terry Boullatta et Plestinian Agricult, Mohamed Alatar décrit de façon très documentée et pédagogique la politique israélienne de confiscation de Jérusalem... Il donne la parole à des responsables palestiniens et israéliens ainsi qu'à des militants pour les droits de l'homme et des analystes politiques. Ainsi le président palestinien, Mahmoud Abbas, impute la politique démographique d'Israël à une logique d'«épuration ethnique». Le film montre surtout le quotidien des habitants de Jérusalem-Est qui font face à la confiscation de leur terre et à la destruction de leurs biens. Remontant au temps de la Nekba à 1967, Jérusalem-Est Side Story fait montre de l'élargissement de la fameuse ligne verte, ne cessant d'avancer et qui tend à chasser et à séparer les Palestiniens de Jérusalem, là ou réside la vieille ville, considérée trois fois sainte car y évoluent musulmans, chrétiens et juifs dans une non-cohabitation totale arbitraire Cette politique de dépossession et de confiscation de terre est patente dans ce documentaire qui dévoile ce cas parmi tant d'autres, celui de ce couple mari et femme avec enfants, séparé depuis 16 ans. La femme ne peut jamais amener ses enfants chez elle. Leurs cartes d'identité ont été déchirées. Elle se rend donc chez son mari régulièrement pour les voir à Jérusalem et prétendre dit-elle à «une vie normale». Mohammed Alatar met en avant l'importance cruciale de la ville: Jérusalem est la clé de la paix: sans Jérusalem, aucune paix ne sera possible, pour personne. La seconde partie de la soirée comprenait un concert de musique avec le trio de frères Khoury, tous trois de blanc vêtus, sur la scène d'Ibn Zeydoun résonnait le son mélodieux du oud, du qanoun et du violon. Début timide. La musique du trio Khoury s'apparente à une musique de chambre déstressante et apaisante, mais voilà, si soporifique par moments que d'aucuns ont préféré quitter la salle, sans doute jugeant cette musique trop «lisse» à leur oreilles. Mais la patience en valait la chandelle. Le trio jouera dans un parfait road acoustique quelques morceaux de fines mélodies jetant le public dans une sorte de ravissement méditatif. Les trois solistes jordaniens d'origine palestinienne, Elya, Oussama et Basil se lâcheront vers la fin donnant lieu à un récital poétique des plus vigoureux.La chaleur qui émane des projecteurs commence à se faire ressentir sur leur front. Leurs doigts pourtant se font de plus en plus rapides sur leurs cordes. Machaiîr oua tarik, Raqs, Ya moussafer Ouahdek, Bidoun Raqs etc., sauront émouvoir le public et le surprendre surtout quand les musiciens arriveront à la fin du concert. Un déchaînement inattendu s'opéra surtout du côté du qanoun et du oud laissant le rythme prendre son envolée et montrer crescendo. Quelques jolies notes de flamenco saupoudrées ça et là, achèvent ce concert en beauté, lequel s'est terminé en un voluptueux apparat sensoriel. En effet, la musique du trio Khoury mêle une large palette musicale mélangeant avec subtilité, des sonorités indiennes, jazz, classique, traditionnelle bretonne et contemporaine. les frères Khoury ont notamment travaillé en 2006 avec le grand maître du flamenco, Enrique Morente. Sillonnant depuis quelques années les quatre coins du globe, ils sont aussi composé la musique originale de deux longs métrages. Le groupe maîtrise aussi bien la musique savante persane, les thèmes turcs que la variété orientale. Organisées conjointement par l'Office de Riadh El Feth et ACM Event, les deux soirées qu'a étrennées la salle Ibn Zeydoun les 14 et 15 septembre dans le cadre de la manifestation Palestine live, sont à renouveler, car pourvues d'un sens noble et utile.