Résumé de la 135e partie n Deny se prépare à passer à l'action. Sa chambre se trouvait au premier étage et donnait sur une ruelle. Partant du toit en pente, un surplomb s'avançait au-dessus des étages inférieurs. Il fallut à peine quelques minutes à Denny pour enfiler le survêtement gris, ajuster la perruque punk et les lunettes, jeter le paquet de vieux vêtements dans la ruelle et sauter en bas. Il fourra le ballot au fond d'une poubelle infestée de rats, derrière un immeuble dans la Cent-huitième Rue, prit le métro en direction de Lexington et Quatre-vingt-sixième Rue, acheta une grosse enveloppe en papier kraft et des crayons au Prisunic, inscrivit «URGENT» sur l'enveloppe et prit son poste d'observation en face de «chez Neeve». Le lundi matin à dix heures, un avion-cargo coréen, vol 771, s'apprêtait à atterrir à Kennedy Airport. Les camions de Gordon Steuber Textiles attendaient à l'aéroport, prêts à charger les caisses de robes et de vêtements de sport qu'ils devaient transporter dans les entrepôts de Long Island City ; des entrepôts qui n'apparaissaient nulle part sur les registres. D'autres attendaient la cargaison : les agents des forces de l'ordre, qui se préparaient à opérer l'une des plus grosses saisies de drogue des dix dernières années. «C'était une idée de génie, fit observer l'un d'eux, posté dans un uniforme de mécanicien sur la piste bitumée. J'ai vu de la drogue camouflée dans des meubles, dans des poupées Barbie, dans des colliers de chiens, dans des couches pour bébés, mais encore jamais dans des vêtements de haute couture.» L'avion tourna, atterrit, stoppa devant le hangar. En un tant, la piste fourmilla d'agents du F.B.I. Dix minutes plus tard, ils ouvraient et fouillaient la première caisse, tailladaient les coutures des vestes de lin superbement coupées et le chef des opérations ouvrait d'un coup sec un sachet de plastique bourré d'héroïne pure. «Nom de Dieu, s'écria-t-il, il y en a pour au moins deux millions de dollars dans cette seule caisse ! Dites-leur d'arrêter Steuber.» A neuf heures quarante, les agents du F.B.I. firent irruption dans le bureau de Gordon Steuber. Sa secrétaire voulut leur barrer le passage, mais ils la repoussèrent fermement. Steuber écouta d'un air impassible les mises en garde légales. Sans qu'apparût sur son visage la moindre trace d'émotion, il regarda les menottes se refermer sur ses poignets. Une rage furieuse, mortelle, grondait en lui, et elle était dirigée contre Neeve. Alors qu'on le conduisait hors de son bureau, il se retourna vers sa secrétaire en larmes. «May, lui dit-il, vous feriez mieux d'annuler mes rendez-vous. N'oubliez pas.» L'expression de May l'assura qu'elle avait compris. Elle ne mentionnerait pas que douze jours auparavant, dans la soirée du mercredi, Ethel Lambston avait fait irruption dans son bureau et lui avait déclaré qu'elle était au courant de ses activités. Douglas Brown dormit mal dans la nuit du dimanche. S'agitant dans les draps de percale d'Ethel, il rêva de sa tante. Images intermittentes où elle brandissait un verre de Dom Pérignon au San Domenico : «A la santé de ce pauvre imbécile de Seamus.» Visions d'Ethel qui lui disait froidement : «Combien as-tu volé jusqu'à aujourd'hui ?» Rêves où la police venait l'arrêter. (à suivre...)