Résumé de la 134e partie n Deny reçoit le dernier avertissement de ses commanditaires. Il doit tuer Neeve, car elle en sait trop. «?a soigne tout, lui dit-elle. Je passerai vous voir un peu plus tard. — Peut-être pourriez-vous me préparer une autre tisane vers midi», gémit Denny. Il alla aux toilettes communes aux locataires du premier et du deuxième étage et se plaignit de crampes au vieil ivrogne qui attendait patiemment son tour. L'homme refusa de lui céder sa place. Dans sa chambre, Denny empaqueta soigneusement toutes les vieilles frusques qu'il avait utilisées pour filer Neeve. On ne sait jamais. Un des portiers pouvait avoir l'œil aiguisé et être capable de décrire un type qu'il avait vu roder autour de Schwab House. Même cette vieille tarée avec son chien. Elle avait eu le temps de l'observer. Denny ne doutait pas que le jour où la fille de l'ex-préfet de police serait supprimée, les poulets passeraient la planète au peigne fin. Il allait se débarrasser des vêtements dans une poubelle du quartier. C'était facile. Le plus dur serait de suivre Neeve Kearny depuis sa boutique jusqu'à la Septième Avenue. Mais il avait calculé son coup. Il possédait un survêtement gris neuf que personne dans le coin de l'avait encore vu porter. Il avait une perruque de punk et de grosses lunettes d'aviateur. Dans cet accoutrement, il ressemblerait aux coursiers qui parcouraient la ville sur leur vélo en renversant les piétons. Il se procurerait une grosse enveloppe en papier kraft, attendrait Neeve à la sortie de sa boutique. Elle prendrait sans doute un taxi pour se rendre dans le quartier de la confection. Il la suivrait dans un autre taxi, raconterait au chauffeur une histoire à dormir debout, selon laquelle on lui avait volé sa bicyclette et qu'il lui fallait absolument remettre ces papiers à cette dame. Il avait entendu de ses propres oreilles Neeve Kearny, dire qu'elle avait rendez-vous à treize heures trente avec une de ces richardes qui peuvent se permettre de dépenser une montagne de pognon pour s'habiller. Il fallait toujours laisser une marge d'erreur. Il se posterait dans la rue, en face de sa boutique, avant treize heures trente. Peu importait que le chauffeur de taxi fît le rapprochement après la mort de Kearny. La police rechercherait un type coiffé à la punk. Son plan établi, Denny fourra le ballot de vieilles nippes sous le lit défoncé. Quel taudis, pensa-t-il, en contemplant la pièce minuscule. Un nid de cafards. Puante. Une malheureuse caisse d'oranges pour table. Mais quand il aurait exécuté le contrat et empoché les autres dix mille dollars, il n'aurait plus qu'à se tenir tranquille jusqu'à la fin de sa liberté conditionnelle et à se tirer d'ici. Bon Dieu, tu parles qu'il allait se tirer ! Pendant le reste de la matinée, Denny fit de fréquents aller-retour aux toilettes, se plaignant de ses douleurs à qui voulait l'entendre. A midi, la vieille toupie dans le couloir frappa à sa porte et lui offrit une autre tasse de tisane et un beignet rassis. Il se rendit à nouveau aux toilettes, y resta enfermé en se bouchant le nez, jusqu'à ce que s'élèvent les protestations de ceux qui attendaient derrière la porte. A treize heures moins le quart, il sortit et annonça au vieil ivrogne qui poireautait : «?a va mieux. Je vais dormir un peu.» (à suivre...)