Résumé de la 160e partie n Sal et Neeve préparent, dans le showroom, un guet-apens à l'homme au survêtement gris. Les croquis - les croquis que Renata avait tracés trois mois avant de mourir, un an avant qu'Anthony della Salva n'enthousiasme le monde de la mode avec la collection Barrière du Pacifique. La semaine dernière, Sal avait cherché à détruire le livre à cause de l'un de ces croquis. «Neeve, parle-moi.» Le murmure de Sal perça la pièce, comme un ordre pressant. La porte était entrouverte. A l'extérieur, Neeve entendit l'ascenseur s'arrêter. Elle s'efforça de prendre une voix normale : «Je me disais que j'aime beaucoup la façon dont tu as introduit la collection Barrière du Pacifique dans ta ligne d'automne.» La porte de l'ascenseur s'ouvrit. Un bruit étouffé de pas parcourut le couloir. La voix de Sal, amicale : «Je les ai autorisés à partir plus tôt. Ils se sont donné un mal fou pour être prêts pour la collection. C'est probablement ce que j'ai créé de plus beau depuis des années.» Avec un sourire rassurant dans la direction de Neeve, il s'avança derrière la porte. Les lumières tamisées projetèrent son ombre contre le mur du fond, le mur tendu d'une reproduction de Barrière du Pacifique. Neeve regarda le mur, toucha I'écharpe sur le mannequin. Elle voulut répondre, mais aucun son ne sortit de sa bouche. La porte fut lentement repoussée. Neeve vit apparaître la forme d'une main, le canon d'un revolver. Denny pénétra avec précaution dans la pièce, cherchant à les repérer. Elle vit Sal s'avancer sans bruit, lever son arme. «Denny», appela-t-il à voix basse. Au moment où Denny pivotait sur lui-même, Sal tira, I'atteignant en plein front. Denny lâcha son revolver et s'écroula sur le sol, sans un cri. Glacée, Neeve regarda Sal sortir un mouchoir de sa poche, le tenir dans sa main, se baisser et prendre le revolver de Denny. «Tu l'as tué, murmura-t-elle. Tu l'as tué de sang-froid. Tu n'avais pas le droit ! Tu ne lui as pas donné une chance. — Il t'aurait abattue.» Sal jeta son arme sur le bureau de la réception. «J'ai agi ainsi uniquement pour te protéger.» Il s'avança vers elle, le revolver de Denny à la main. «Tu savais qu'il allait venir, dit Neeve. Tu savais son nom. C'est toi qui as tout manigancé.» L'expression chaleureuse, joviale qui avait toujours animé les traits de Sal avait disparu. Ses joues bouffies luisaient de transpiration. Ses yeux au regard pétillant n'étaient plus que deux fentes plissées dans la chair du visage. Sa main, encore rougie et boursouflée, leva le revolver et le pointa vers Neeve. Le sang de Denny avait éclaboussé le tissu de sa veste. Une mare rouge s'agrandissait à ses pieds sur la moquette. (à suivre...)