Sonorités n Le jeu de Xem Nun est une invitation à la découverte, au-delà des frontières matérielles, d'un univers musical authentiquement improvisé. Xem Nun, une formation musicale composée de Camel Zekri qui, initié à la musique diwan, gnawa et autodidacte du rock et du jazz, ne vit que par et dans les changements des expériences, et de l'ensemble Otto-Brottode Bambari de Centrafrique, s'est produite, hier samedi, à la salle Ibn Zeydoun. Initié par le Centre culturel français d'Alger, et inscrite dans «Alger, capitale de la culture arabe», ce récital qui nous vient du cœur de l'Afrique de l'authenticité et des traditions ancestrales, se veut une suggestion d'interroger la musique, voire de dire cette (autre) manière de faire de la musique. La formation nous propose en effet une belle aventure musicale, voire sonore, une expérience inédite articulée autour de sons naturels produits par les trompes de Bambari. La particularité du récital, c'est bien les trompes fabriquées à partir de racines d'arbres naturellement évidées par les termites ; et lorsque le souffle s'engouffre dans la cavité, il donne un son retentissant. Les instrumentistes et de toutes leurs énergies soufflent, insufflent la vie à leurs trompes afin qu'elles produisent du son. Camel Zekri s'emploie, pour sa part, à accorder sa guitare sur l'éventail de notes qu'émettent les trompes, engageant ainsi un véritable dialogue entre le traditionnel et le moderne. Ce dialogue se révèle le résultat d'un beau métissage musical et plonge dans le foisonnement et la complexité rythmique du répertoire des sonorités africaines. Le jeu de Xem Nun est une invitation (cordiale) à la découverte, au-delà des frontières matérielle et à travers un environnement sonore effectif et naturel, d'un univers musical authentiquement improvisé et d'un imaginaire savoureux. Ainsi, le récital, fruit d'un métissage contemporain, est habilement mené, il s'est révélé beau, véridique et étonnant, un récital qui interpelle les sens et qui est donc d'une grande sensibilité. Par ailleurs, l'originalité du spectacle, c'est bien la projection vidéo. En arrière fond, un écran sur lequel est projeté un film qui nous raconte, en images, la musique de Xem Nun, et cela dans un foisonnant de cris d'animaux et de bruissement des feuilles de la forêt, le tout répond au brouhaha des rues de Bangui. Cette vidéo réalisée par Dominique Chevaucher esn République Centrafricaine, a nécessité le concours d'Etienne Bultingaire pour le traitement du son, Cyrille Henry pour la programmation sonore et vidéoAinsi, Xem Nun nous plonge dans les racines africaines et propose une escapade sonore et visuelle en Centrafrique. C'est aussi un moment et un espace de partage avec le public qui, à l'écoute, découvre une présence musicale jusque-là méconnue.