Chaos n L'approvisionnement des artisans bijoutiers assuré par l'Agence nationale de l'or (Agenor), interrompu brutalement en 1984, a plongé le secteur dans le désarroi et le laisser-aller. Ce désengagement du secteur par l'Etat a contribué, selon M. Dani Kouider président du Comité national des bijoutiers, à la formation et au développement du marché informel qui consistait au début à l'importation frauduleuse de lingots d'or pour approvisionner les ateliers. Flairant la bonne affaire d'un marché abandonné et vierge, «des professionnels étrangers ont commencé à livrer des bijoux, en or, fini, toujours par le biais de la contrebande, à leurs homologues algériens pour la commercialisation au niveau local», précise - t-il. «Pendant que les véritables bijoutiers étaient mis à genoux et certains d'entre eux contraints à l'abandon pur et simple de la profession, d'autres se sucraient à leurs détriments et à celui du trésor algérien puisqu'ils ne percevait aucune redevance fiscale», a t-il ajouté. Cela a même permis, selon lui, à quelques personnes sans scrupule de profiter de la situation pour vendre des bijoux à bas titre, c'est-à-dire ne respectant pas la réglementation qui n'admet la commercialisation du bijoux qu'au titre de 18 carats contrôlée par les services de la garantie, assiette dépendant des impôts. N'ayant pas d'existence légale (registre de commerce, déclaration d'existence…), ces individus ont même contrefait, à en croire notre interlocuteur, le poinçon de garantie pour l'opposer sur les bijoux de contrebande, voire sur des bijoux fabriqués localement par des ateliers clandestins ou possédant un registre et ne voulant pas honorer leurs taxes fiscales. Cependant, plusieurs opérateurs algériens, au grand bonheur des bijoutiers, œuvrent dans la légalité approvisionnant le marché par de petites quantités de bijoux acquis en lingots auprès de l'Enor et façonnées auprès des fabricants étrangers (italiens, libanais, turques, belges…), connus pour leur grande technologie et la maîtrise de la fabrication. Mais les difficultés éprouvées sur le terrain découragent les plus tenaces d'entre eux. Le minimum de temps qu'il faut pour mener une seule opération est de trois à six mois. Même si la réglementation est la même, son application au niveau des différentes institutions de l'Etat ne l'est pas, estime M. Dani. Pour appuyer ses propos, il citera l'exemple de l'administration des douanes au niveau de l'aéroport d'Oran où «il faut s'armer de patience pour subir l'humiliation des incessants va-et- vient pour finaliser un dossier. Tous ceux qui ont réalisé une opération à partir de cet aéroport ont juré qu'ils ne referont pas d'autres. Contrairement aux douanes de l'aéroport d'Alger qui facilitent la tâche aux opérateurs en entretenant des rapports exemplaires avec les services de la garantie d'Alger qui sont appelés à constater l'arrivée de la marchandise et prendre le relais pour sa traçabilité. Ce qui n'est pas le cas d'Oran».