Officieusement, quelque 10 à 15 tonnes de métaux précieux proviennent de la contrebande L'évasion fiscale qui gangrène le marché des produits finis en or et argent, est énorme et grève lourdement le Trésor public. En effet, quelque 6 à 7 tonnes d'or importés illégalement circulent actuellement dans le marché local, indiquent des statistiques officielles. D'autres chiffres, officieux, font état, quant à eux, d'une masse oscillant entre 10 et 15 tonnes de produits finis offerts aux consommateurs sans poinçonnage ni contrôle de l'Etat. Alors qu'ils sont déclarés comme émanant de vieux bijoux cassés et recyclés, ces bijoux en or proviennent, «naturellement» par voie de contrebande manipulée par des réseaux spécialisés dans le commerce clandestin et la fabrication illicite. Les pays où prend naissance cette contrebande de haute voltige sont essentiellement l'Italie, les pays du Golfe, Dubaï, Emirats arabes unis... En 2006, une correspondance de l'Association des bijoutiers, horlogers, lapidaires d'Algérie, dont une copie est parvenue à notre rédaction, a été adressée à plusieurs ministres du gouvernement, notamment le grand argentier du pays, Mourad Medelci, pour l'aspect fiscal de la question, au ministre de la PME et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, pour le côté artisanal et au ministre de la Pêche, pour le corail, Smaïn Mimoun. La correspondance interpelle ces hauts responsables sur cette situation de désarroi qui «perdure» et qui lèse grandement le Trésor public de par l'évasion fiscale qu'elle génère tout en menaçant sérieusement le métier de disparition si aucune mesure énergique ne vient y mettre le holà. Après la récente déclaration du ministre des Finances, Mourad Medelci, relative à l'activité de la bijouterie et invitant à des séances de travail avec la corporation, l'Association des bijoutiers, horlogers, lapidaires d'Algérie, se félicite de cette initiative et a préparé un dossier dans lequel elle dénonce «le cadre juridique anachronique...qui génère un manque à gagner à l'Etat» tout en défavorisant professionnels et consommateurs. Dans cette réflexion qualifiée d'indépendante, l'association expose tous les problèmes rencontrés par l'activité de la bijouterie, l'artisanat en général et le travail du corail. Elle se propose de participer à la stimulation de l'activité de transformation de l'or, de pourvoir les bijoutiers en produit fini corallifère pour mieux répondre à une forte demande étrangère en produits en or et corallifères pour lesquels les transformateurs ne disposent pas légalement de lingots d'or et corail brut suffisants. Parmi les nombreux points soulevés, on relève celui ayant trait à l'or et son approvisionnement et qui a connu de nouvelles perspectives après l'ouverture économique entamée en 1989 et l'extension des règles commerciales et de droit privé à l'Agence nationale de l'or, Agenor, détenant le monopole d'Etat, devenue depuis une société par actions. Bien qu'il soit créateur d'emplois durables et de formation d'hommes et aussi facteur de cohésion et de stabilité sociale, l'artisanat a connu une récession dérivant d'une très forte baisse de la demande elle-même consécutive à la diminution générale du pouvoir d'achat et du renchérissement des articles. Ce secteur a été victime d'un manque d'intérêt flagrant de l'Etat depuis 1962 avant qu'un code moderne de l'Artisanat et des Métiers ne soit promulgué en 1996, définissant la qualité de maître-artisan, d'artisan et leur protection. Mais le secteur souffre au niveau de l'approvisionnement et des débouchés (prix dissuasifs) tant pour les produits en or et argent que pour les tapis, articles de poterie et matières premières qui ne sont plus nobles car remplacées par des produits de substitution synthétiques qui dénaturent l'article ouvragé. Si le ministre des Finances a été interpellé pour une révision des taxes douanières et le coût élevé du timbre fiscal, lesquels encouragent le développement du marché informel, il a été fait état du marché de l'or qui souffre de la concurrence déloyale face à un approvisionnement auprès d'importateurs usant de méthodes frauduleuses et proposant des prix exorbitants d'où une hausse incontrôlable. A ce propos, précisément, l'Ugcca s'est prononcée sur la révision fiscale dont le niveau incite nombre d'artisans honnêtes à mettre la clé sous le paillasson car refusant de commercialiser leurs travaux sans poinçon. La lettre adressée au ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques concernant la pêche au corail et ses conditions d'exploitation, est tout aussi alarmante. Reprenant une déclaration du président Abdelaziz Bouteflika qui donnait «la priorité absolue (...) aux artisans et fabricants pour redorer le blason aux métiers artisanaux» dans le pays, l'association se propose de participer à la stimulation de l'activité de transformation du corail, au pourvoi des artisans en bijouterie en produits corallifères et à satisfaire une forte demande étrangère en produits finis en corail que les transformateurs ne peuvent honorer pour l'heure, suite à une insuffisance de matière brute dont la limite de pêche a été volontairement suspendue «au mépris d'une reproduction naturelle suffisante» pour peu que cette activité soit sévèrement contrôlée.