La barbarie terroriste a poussé les habitants d?El-Djazia à quitter les villages, à délaisser leurs biens et parfois à brader leurs terres pour avoir de l?argent et ainsi louer un garage dans les villes alentour pour s?y abriter en famille ou se réfugier dans la nature, pour ne pas mourir égorgés comme des bêtes. Après plus de dix ans d?errance, la population déshéritée, ne supportant pas ce calvaire, décide de reprendre le chemin des douars, mais réclame des armes. C?est le maire qui a pris les choses en main créant ainsi le premier groupe de patriotes. La population adhère massivement au combat, et la bataille de la survie a commencé. Des gardes communaux ont été constitués et les citoyens des douars armés. El-Djazia, depuis, a repris goût à la vie et lutte pour sa dignité. Cependant, ce retour est aussi pénible à vivre, car les familles ont tout perdu : leurs terres et leur cheptel. Les sept ans de sécheresse qu?a connus la région ont eu raison de milliers d?animaux, morts de faim et de soif. La population, quant à elle, a eu tant de mal à survivre. Aujourd?hui, ces familles, autrefois aisées, se retrouvent démunies. La plupart des mechtas manquant d?eau et d?électricité, les citoyens parcourent des kilomètres pour s?approvisionner à partir de puits et de sources. Certains s?éclairent encore à la bougie. Ils n?ont jamais vu une lampe, un robinet, une télévision, un four, une cuisinière ou des toilettes. D?autres ne savent ni lire ni écrire, la vie se résume pour eux aux travaux de la ferme et de la forêt. Chercher les branches d?arbres toute la journée, les brûler ensuite pour en faire du charbon de bois pour le vendre dans les villes. La pauvreté montre son visage le plus cruel et hargneux à El-Djazia, cette commune classée la plus pauvre d?Algérie. Le ramadan, pour ces citoyens démunis, n?a pas de sens, car ce régime de vie ils le suivent depuis fort longtemps, la misère et la pauvreté sont des compagnons fidèles qui s?accrochent à eux, une destinée imposée par les lois des hommes et la démission des autorités concernées.