Scène n La générale des Derwiches à la recherche de la vérité a été donnée, hier mardi, au théâtre national. Produite par Fen El Khachaba, une association venue d'Adrar, la pièce, adaptée de Ederrawiches (les Derwiches) un texte du Syrien Mustapha El-Halladj par Dalil Ahmed, et mise en scène par Nourredine Belghouti, met en scène le rituel duel entre le mal et le bien, une dualité propre à l'homme. Ainsi, la pièce revêt une dimension universelle et pose une problématique classique – c'est du déjà vu. La pièce s'organise et évolue autour d'un jeune derwiche qui se cherche en soi et dans l'autre. Il y a donc une quête de soi qui, elle, signifie quête de l'autre, puisque l'un appelle l'autre, le complète. L'on est dans ce rapport de réciprocité, mais d'abord il faudrait surmonter les difficultés, donc triompher du mal. Ce jeune derwiche mène une vie d'errance ; point de repères ni de référents, il se perd davantage dans un monde physique, temporel, un monde matériel où la présence de la spiritualité semble inexistante. Ce monde, le nôtre, dans lequel il se trouve confronté aux traverses de la vie, est dénué de sens et d'orientation, ce qui rend la tâche au quêteur ardue et malaisée à accomplir. Il est en quête de la vérité, et il se trouve que chacun détient sa propre vérité, vérité la tenant pour l'unique et la vraie, et l'autre vérité, celle du Divin, c'est-à-dire l'absolue, se révèle inaccessible, d'où la tentative du derwiche de s'élever en deçà des mortels et de la vie matérielle, en cherchant à aller vers Dieu. Il y a dans cette pièce une référence au soufisme. Force est de constater que la pièce s'applique à employer le patrimoine populaire de la région d'Adrar : chant et danse. Le patrimoine apparaît également à travers les costumes. La pièce s'inscrit alors dans un contexte local. Il s'agit d'un théâtre régional qui expérimente le patrimoine comme étant une fonction théâtrale à part entière. Le patrimoine est utilisé de façon à vouloir conférer à la scène une identité théâtrale pleine et dense. Il se trouve cependant que l'usage du folklore sur scène s'avère excessif – et parfois inutile. Certaines séquences traînent en longueur. Cela affecte d'emblée le jeu et le rend, du coup, lent et fastidieux. Le jeu d'ailleurs se perd dans cette mise en situation du patrimoine ; et l'emploi du patrimoine de cette manière fait qu'il perde instantanément sa fonctionnalité. Il devient abusif et éculé. Le jeu, toujours, se déroule, ça et là, dans une litanie longue et lassante. La pièce présentée par l'association Fen El-Khachaba qui a habitué le public à des performances plus notables se veut un théâtre expérimental. Mais l'approche reste à revoir. Il faut encor la creuser, approfondir sa réflexion sur le rapport du patrimoine au théâtre.