Métiers n La matière première, provient de vieux bijoux détériorés.Travaillée, refaçonnée, elle donne un art. L'artisanat targui est parmi les plus anciens dans le Sud-ouest du pays, mais également l'un des plus typiques et des plus originaux de toute la région, de par la diversité des objets que transforment et «usinent» les hommes bleus et qui vont jusqu'à créer des «métiers» à fabriquer beaucoup de choses, même des bagues. Les artisans targuis nommés, maâlem, fabriquent toutes sortes d'objets utilitaires et d'ustensiles, tels que les couteaux, les récipients en bois, les encensoirs et les braseros, mais également de nombreux bijoux, tels que les pendentifs, les fibules qui servent à fixer les habits traditionnelles des femmes, les étuis pour les talismans, mais surtout les bagues, en argent, très prisées dans la région. La matière première provient de vieux bijoux détériorés. «Il y a des artisans qui achètent leur matière première auprès de l'agence nationale des métaux précieux (l'Agenor), mais le coût revient plus cher et la marge bénéficiaire est plus faible», indique à ce propos, un artisan bijoutier, établi à proximité de la grande place d'Adrar. «Nous préférons l'argent récupéré sur de vieux bijoux» ajoute-t-il. L'argent cassé est fondu dans une petite coupelle métallique chauffée, au feu d'un brûleur à gaz butane, que l'artisan targui fabrique, généralement lui-même, avec du matériel de récupération et qui développe une flamme suffisamment chaude pour fondre les métaux. Le métal fondu est versé dans un étroit petit moule en tôle de quelques centimètres de longueur et prend ainsi, la forme d'un lingot. L'artisan le martèle afin de lui donner la forme plane et découpe, à l'aide d'un ciseau, à froid l'ébauche de la bague. Et comme l'argent devient plus dur quand il est martelé, l'artisan remet, à chaque fois, l'ébauche de bague dans le feu afin de la rendre plus malléable et la laisse refroidir en l'enfouissant dans le sable. Lorsque l'ébauche est achevée et avant de lui donner la forme d'anneau en l'enroulant autour d'un outil en forme de cône, l'artisan la fixe sur un morceau de bois afin de pouvoir la graver de motifs traditionnels. Il utilise, pour cela, un outil spécial appelé «Brima», petit burin d'acier, fort acéré, fixé sur un manche en bois qui épouse la forme du creux de la main. Les motifs les plus courants sont des formes géométriques simples, des noms en caractères «tifinagh» ou «tamazight», selon le désir du client. Il arrive même que la bague gravée de chiffres cabalistiques sert à la fois de bijou et de talisman «porte-chance», encore une façon de joindre l'utile à l'agréable pour ceux qui fréquentent les Maâlem Targui et qui «raffolent» de ces bijoux «faits main».