Résumé de la 4e partie n La reine, éplorée, raconte au jeune comte, le jour où son mari rassembla ses filles, leur demandant qui l'aimait le plus. Quand ce fut au tour de la plus jeune, qui était aussi la plus belle, celle-ci garda le silence. «Et toi, lui dit son père, comment m'aimes-tu ? — Je ne sais pas, répondit-elle, et ne puis comparer mon amour à rien.» Mais, le père insista pour qu'elle désignât un objet. Enfin elle dit : «Le meilleur mets n'a pas de goût pour moi sans sel ; eh bien ! j'aime mon père comme le sel.» Quand le roi entendit cela, il entra en colère et dit : «Puisque tu m'aimes comme le sel, c'est avec du sel aussi que je récompenserai ton amour.» Il partagea donc son royaume entre les deux aînées ; mais pour la plus jeune, il lui fit attacher un sac de sel sur le dos, et deux serviteurs eurent ordre de la conduire dans une forêt sauvage. Nous avons tous pleuré et prié pour elle, dit la reine ; mais il n'y a pas eu moyen d'apaiser la colère du roi. Comme elle a pleuré, quand il lui a fallu nous quitter ! Toute la route a été semée de perles qui étaient tombées de ses yeux. Le roi n'a pas tardé à se repentir de sa dureté, et a fait chercher la pauvre enfant dans toute la forêt, mais personne n'a pu la trouver. Quand je pense que les bêtes sauvages l'ont mangée, je n'en puis plus de tristesse ; souvent je me console par l'espérance qu'elle vit encore, qu'elle s'est cachée dans une caverne ou qu'elle a trouvé une retraite chez des gens charitables. Mais imaginez que, quand j'ai ouvert votre boite d'émeraude, elle renfermait une perle toute semblable à celles qui coulaient des yeux de ma fille, et alors vous pouvez comprendre combien à cette vue mon cœur a été touché. Il faut que vous me disiez comment vous êtes arrivé à posséder cette perle.» Le comte lui apprit qu'il l'avait reçue de la vieille de la forêt, qui lui avait paru avoir quelque chose d'étrange et devait être une sorcière, mais qu'il n'avait rien vu ni entendu qui eût rapport à sa fille. Le roi et la reine prirent la résolution d'aller trouver la vieille ; ils pensaient que là où s'était rencontrée la perle, ils obtiendraient aussi des nouvelles de leur enfant. La vieille, dans sa solitude, était assise à la porte près de son rouet et filait. Il faisait déjà sombre, et quelques copeaux qui brûlaient dans l'âtre ne répandaient qu'une faible clarté. Tout à coup, on entendit du bruit au dehors ; les oies revinrent de la bruyère au logis, en poussant leur cri le plus enroué. Bientôt après la fille entra à son tour. La vieille la salua à peine et se contenta de secouer un peu la tête. La fille s'assit près d'elle, prit son rouet et tourna le fil aussi légèrement qu'une jeune fille aurait pu le faire. (à suivre...)