Résumé de la 1re partie n Avec la guerre, Djamal et Zahra, un couple d'instituteurs, se sont installés, provisoirement, à Alger. Après l'indépendance, ils choisissent d'y rester définitivement. Quelque temps après, un troisième enfant naît ; cette fois-ci, c'est une fille. — Avec trois enfants, je crois que nous avons fait le plein ! dit Djamal. — Oui, dit Zahra, nous leur donnerons une bonne instruction, nous leur assurerons un bel avenir ! Les enfants — appelons-les Omar, Kamal et Nadia — grandiront entourés d'affection. Bien suivis par leurs parents, ils se révèlent tous les trois doués. Ils vont au collège, puis au lycée et décrochent, à tour de rôle, le baccalauréat qui leur permettra d'entrer à l'université. Omar fera des études de médecine, Kamal optera pour l'architecture et Nadia fera des études de littérature. Ils sont tous les trois ‘'placés'' et entament des carrières prometteuses. Fatiguée par tant d'années d'efforts, Zahra prend une retraite anticipée ; Djamal, lui, continue. Juste après l'indépendance, il prépare et passe, avec succès, le baccalauréat, puis obtient un détachement pour faire une licence. Il enseigne maintenant au lycée et, dans quelques années, il pourra, lui aussi, prétendre à la retraite. Un jour, Nadia, très gênée, apprend à sa mère qu'elle sort avec un garçon. Zahra rit. — Il n' y a pas de mal à cela, ma fille. — Il vient de terminer ses études de médecine, dit la jeune fille. — Ton frère Omar est médecin, nous aurons un autre médecin dans la famille. Ils nous soigneront, ton père et moi, dans nos vieux jours ! — Il n'est pas dit que je l'épouse, dit Nadia. — Quoi, dit sa mère, tu sors avec lui et tu n'es pas sûre de l'épouser ? — Oui, je voudrais d'abord le connaître, m'assurer que c'est bien l'homme qui me convient, celui avec qui je vivrai toute ma vie ! Et d'ajouter : «N'est-ce pas que j'ai raison, maman ?» Zahra hoche la tête et se dit avec émotion que les choses ont bien changé, depuis qu'elle s'est mariée ! Elle n'est pas sortie avec Djamal, elle. Ils vivaient dans des villages voisins ; ils étaient un peu apparentés et s'étaient vus trois ou quatre fois, au cours de fêtes familiales. Un jour, sa mère est venue demander sa main et on l'a accordée sans qu'on lui demande son avis. Il est vrai que Djamal était un beau parti et un beau garçon aussi, et, Dieu merci, il lui a plu ! Mais elle aurait pu ne pas le trouver à son goût ! Et puis, il a fallu batailler contre sa belle-famille pour qu'elle travaille. Sa propre famille n'était pas très libérale, mais grâce à son grand-père, un ancien émigré, aux idées très larges, elle a pu, après l'école primaire, aller au collège et obtenir son brevet. Djamal ne voyait pas d'inconvénient qu'elle travaille, mais son père et ses frères ne voulaient pas. Elle a tenu bon et elle a obtenu un poste à l'école du bourg… Et puis, ça a été l'aventure algéroise… Oui, les temps ont changé : les filles, dans l'Algérie indépendante, peuvent pousser leurs études très loin ; elles peuvent aussi sortir avec les garçons, choisir leur époux… Zahra est également émue : sa fille a grandi. Bientôt, elle va se marier. Il faut dire qu'elle est très attachée à ses enfants et qu'il lui sera difficile, très difficile, de se séparer d'eux. Djamal est comme elle et pour ne pas le chagriner, elle ne lui en parle pas. Du moins pas encore. (à suivre...)