Résumé de la 4e partie n Usant encore une fois de toute sa malice, le tailleur en vint à bout des deux géants qui finissent par s'entretuer. Alors, le petit tailleur descendit de son poste. «Il est bien heureux, pensait-il, qu'ils n'aient pas aussi arraché l'arbre sur lequel j'étais perché ; j'aurais été obligé de sauter sur quelque autre, comme un écureuil ; mais on est leste dans notre métier.» Il tira son épée, et, après en avoir donné à chacun d'eux un couple de bons coups dans la poitrine, il revint trouver les cavaliers et leur dit : «C'est fini, je leur ai donné le coup de grâce ; l'affaire a été chaude ; ils voulaient résister, ils ont arraché des arbres pour me les lancer ; mais à quoi servirait tout cela contre un homme comme moi, qui en abats sept d'un coup ! — N'êtes-vous pas blessé ? demandèrent les cavaliers. — Non, dit-il, je n'ai pas un cheveu de dérangé.» Les cavaliers ne voulaient pas le croire ; ils entrèrent dans le bois et trouvèrent en effet les géants nageant dans leur sang, et les arbres abattus de tous côtés autour d'eux. Le petit tailleur réclama la récompense promise par le roi ; mais celui-ci qui se repentait d'avoir engagé sa parole, chercha encore à se débarrasser du héros. «Il y a, lui dit-il, une autre aventure dont tu dois venir à bout avant d'obtenir ma fille et la moitié de mon royaume. Mes forêts sont fréquentées par une licorne qui y fait beaucoup de dégâts, il faut t'en emparer. — Une licorne me fait encore moins peur que deux géants : Sept d'un coup, c'est ma devise.» Il prit une corde et une hache et entra dans le bois, en ordonnant à ceux qui l'accompagnaient de l'attendre au dehors. Il n'eut pas à chercher longtemps ; la licorne apparut bientôt, et elle s'élança sur lui pour le percer. «Doucement, doucement, dit-il ; trop vite ne vaut rien.» Il resta immobile jusqu'à ce que l'animal fût tout près de lui, et alors il se glissa lestement derrière le tronc d'un arbre. La licorne, qui était lancée de toutes ses forces contre l'arbre, y enfonça sa corne si profondément qu'il lui fut impossible de la retirer, et qu'elle fut prise ainsi. «L'oiseau est en cage», se dit le tailleur, et sortant de sa cachette, il s'approcha de la licorne, lui passa sa corde autour du cou ; à coups de hache il débarrassa sa corne enfoncée dans le tronc, et, quand tout fut fini, il amena l'animal devant le roi. Mais le roi ne pouvait se résoudre à tenir sa parole ; il lui posa encore une troisième condition. Il s'agissait de s'emparer d'un sanglier qui faisait de grands ravages dans les bois. Les chasseurs du roi avaient ordre de prêter main-forte. Le tailleur accepta en disant que ce n'était qu'un jeu d'enfants. Il entra dans le bois sans les chasseurs ; et ils n'en furent pas fâchés, car le sanglier les avait déjà reçus maintes fois de telle façon qu'ils n'étaient nullement tentés d'y retourner. (à suivre...)