Diagnostic n Le théâtre arabe souffre d'un malaise chronique. Si la seconde édition du festival national du théâtre professionnel se voulait un moment de divertissement où le public était invité à assister aux représentations ainsi qu'un moment de rencontre entre les gens du métier pour discuter de la profession, il se trouve que ce même festival se voulait aussi un lieu de confession. Les participants (dramaturges, universitaires, critiques et chercheurs), aussi bien algériens qu'arabes, ont présenté, avec des couleurs teintées de pessimisme, un théâtre (arabe) malade. Un théâtre souffrant d'un malaise chronique. Moncef Souissi, metteur en scène tunisien, a relevé «l'absence d'une école arabe chargée de former les gens du métier», avant d'ajouter que «la pratique théâtrale, soutenue par une réelle conscience intellectuelle, constitue la meilleure façon susceptible de former de vrais artistes». Il a, ensuite, mis l'accent sur le rôle de l'intellectuel arabe à se préoccuper de la recherche théâtrale. Abondant dans le même registre, Fouad Chati, dramaturge koweïtien, a estimé que «les instituts arabes ont manifestement failli à leur devoir, celui de la formation. Ils forment aujourd'hui des fonctionnaires plutôt que des artistes». Azat Kassabi, universitaire du sultanat d'Oman, a, pour sa part, tenu à indiquer que «la majorité du produit théâtral présenté dans le monde arabe, relève d'un travail d'amateur parce que toutes ces expériences sont initiées à des fins commerciales». Le théâtre devient alors commercial. C'est le cas en Egypte, à titre d'exemple. «Le théâtre commercial s'est développé en Egypte en raison de la célébrité», a déclaré Abdelkrim Berchid, dramaturge marocain. Omar Daouara, critique égyptien, soutient ces propos et déplore que la pratique théâtrale se fasse dans un but lucratif. D'autres comme Mohcen Eramli ou Fadhel Khalil ont souligné que «le théâtre arabe n'a pu créer une spécificité, qu'il demeure toujours en quête d'une identité parce qu'il est otage du modèle occidental». Morsi Khalil, universitaire égyptien, dira, à ce sujet que «le théâtre dans le monde arabe est importé». Kacem Matroud pense, en revanche, qu'il est encore en état de projet, donc de réflexion. C'est-à-dire un théâtre qui se cherche encore dans les débats et les discours. Nadir Qenat, quant à lui, a estimé qu'il n'y a pas assez de recherche en la matière. Cela explique les raisons de la crise. D'autres participants, comme la Libanaise Hanan El Hadj, l'Algérien Ali Aïssaoua ou encore l'Egyptien Khalil Fadhel, ont regretté l'absence d'un centre destiné à archiver les travaux cumulés au fil des expériences. Tous s'accordent à dire que «l'archivage est la mémoire du théâtre et si on ne travaille pas dans ce sens le passé théâtral qui est un patrimoine disparaîtra. C'est pour cette raison qu'il faut entretenir la mémoire du théâtre à travers le travail d'archivage».