Rendez-vous n La 5e édition des poésiades d'Alger a eu lieu, hier lundi, au théâtre de verdure. En vue de la préparation de cette rencontre, initiée par l'établissement Arts et culture et placée sous le signe de «Cité, poésie et lien», un concours de la meilleure œuvre poétique (en français, en amazigh, en arabe classique et dialectal) avait été organisé par l'établissement Arts et Culture du 20 janvier au 30 mars de l'année 2007. «Ce concours a drainé la participation de 107 candidats âgés de 18 à 77 ans, venus des 25 wilayas du pays», ont déclaré les organisateurs, précisant que cette manifestation se veut un rendez-vous avec pour but de créer une dynamique et stimuler la création littéraire. Interrogé sur cette manifestation, Abdelhamid Bourayou, universitaire, spécialiste de la poésie algérienne et président du jury, constitué d'académiciens, d'universitaires et d'hommes de lettres, a estimé que «l'on peut constater une certaine évolution de la poésie populaire. Le niveau reste toutefois moyen. Pour la poésie en arabe classique, le niveau est également moyen. Cela renvoie à la situation de la langue au sein de notre société. Ce n'est pas une langue quotidiennement pratiquée. S'agissant, en outre, de la poésie en français, il se trouve que le constat est le même. Les jurys ont pu constater une certaine faiblesse. Ce qui serait dû aux méthodes adoptées dans l'enseignement de la langue française dans les établissements scolaires. Enfin, et pour ce qui est de la poésie en langue amazighe, l'on a pu constater une faible production, cette poésie n'étant pas une tradition écrite, puisque d'abord orale». Abdelhamid Bourayou a, par ailleurs, tenu à souligner que cette évaluation ne peut illustrer, à elle seule, l'exercice poétique en Algérie, puisque ce ne sont pas tous les poètes qui ont participé à ce concours, indiquant néanmoins qu'elle donne un aperçu global de ce qu'est la poésie en Algérie. Il a ensuite expliqué que la poésie populaire occupe la première place et qu'elle suscite davantage d'intérêt. «C'est une pratique habituelle et répandue notamment à l'intérieur du pays et au niveau de toutes les couches sociales», a-t-il dit, avant de préciser que «cette poésie est d'abord orale comme la poésie en amazigh contrairement à la poésie en français ou en arabe classique qui, toutes deux, ont une tradition écrite.» Si l'intérêt pour la poésie populaire est si grand, c'est parce que cette poésie s'inscrit dans la tradition et, du coup, dans la continuité. Elle a un passé, un référent historique. S'agissant de la poésie en langue française, Abdelhamid Bourayou a estimé que l'Algérie a de grands poètes dans cette langue. Et pour ce qui est de la poésie algérienne en arabe classique, il a, en sa qualité de spécialiste de la question, déploré que «cette poésie n'ait pu créer une spécificité». «Cette poésie, élitiste, est calquée sur le modèle oriental. Elle ne renvoie d'aucune manière à l'identité et à l'âme algérienne, alors que la poésie populaire – et également la poésie en langue amazighe – est l'expression fidèle et authentique de l'identité culturelle algérienne.»