Interrogation n Le consommateur de drogue est-il dangereux, donc un criminel ou est-il en danger, donc un malade ? Quel statut doit-on lui donner ? Ce thème a été débattu hier à l'université Saâd-Dahlab de Blida au cours de la 5e rencontre internationale sur le thème «Toxicomanie : maladie ou déviance ?», organisée par la faculté de médecine de Blida en partenariat avec l'Office national de lutte contre la toxicomanie et le service EHS de psychiatrie de Frantz-Fanon de Blida. Cette rencontre a vu l'intervention de spécialistes de tout bord, des praticiens de la santé, des psychologues, des sociologues et des spécialistes de la justice algériens, tunisiens et français. «Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ça démontre toute la force et la faiblesse du système de santé qui à la fois doit s'occuper des besoins de base de la santé et en même temps des problématiques de pointe», déclarera le directeur de la santé de la wilaya de Blida, Mohamed Lamine Houari. Dans son intervention «L'injonction thérapeutique et responsabilité», le Pr Fethi Mimouni de Tunisie, professeur de droit et magistrat, étalera l'expérience tunisienne dans cette thématique en arrivant à à la conclusion : «Je n'ai pas trouvé un statut exact pour l'usager de la drogue ni dans les législations tunisienne, ni algérienne, ni française. Est-il malade ou délinquant ?», dira-t-il. Le Pr Mimouni se demandera dans son intervention : «L'usager est-il dangereux, donc un criminel ou en danger, donc un malade ? Quel statut doit-on lui proposer ?» Il rappellera que la loi tunisienne a commencé à interdire l'usage de la drogue à partir de la loi 64 qui avait prévu la peine d'une année à 5 ans pour l'usage de la drogue et les trafics «mais cette loi a permis aux trafiquants internationaux d'utiliser notre territoire comme une plaque tournante de transfert intercontinental de la drogue en Asie et en Europe. Mais elle a été modifiée en 1992 à la peine de 10 ans de prison et plus», reprendra-t-il. Le Pr Ridouh Bachir, médecin chef du service de prévention et de soins aux toxicomanes au CHU de Blida, indiquera, pour sa part, que le toxicomane s'il est un malade va nécessiter des soins et s'il n'est pas malade une incarcération, donc la prison «en sachant que le ministère de la Justice a initié un texte de loi en 2004 et demandé à ce que l'usager de la drogue soit mis dans un hôpital au lieu d'une prison». Cette loi opte pour la thérapie et non la réclusion, selon le Pr Ridouh. Sur les chiffres des toxicomanes à travers le territoire national, on nous a appris qu'ils ne sont pas encore actualisés. Ce que l'on peut dire c'est que 20 000 cas de toxicomanie ont été traités en 10 ans selon les chiffres de l'Office national de lutte contre la toxicomanie et 6 000 à 8000 cas / an. Pour rappel, 53 centres de désintoxication sont programmés pour 2007-2008 et 5 sont déjà fonctionnels.