Si les bûchers sont éteints depuis belle lurette en Europe, les procès en sorcellerie font encore des milliers de victimes dans le monde, entreprise de persécution sur laquelle d'éminents universitaires vont se pencher cette semaine dans le Grand Nord norvégien. Dans la petite ville arctique de Vardoe, haut lieu de la chasse aux sorcières au XVIIe siècle, une soixantaine de spécialistes internationaux vont très sérieusement plancher du 28 au 30 juin sur la sorcellerie et sa perception dans les sociétés anciennes et contemporaines. «Si les sorcières ou les personnes présumées telles ne sont plus persécutées en Occident, elles le sont encore couramment en Afrique, au Mexique, en Inde, en Indonésie et en Malaisie», explique l'un des organisateurs la conférence, «Dans ces pays, on a brûlé plus de sorcières ces 50 dernières années qu'en Europe» aux XVIe et XVIIe siècles, lorsque 50 000 personnes périrent sur le bûcher, ajoute-t-il. Aujourd'hui comme hier, les supposées sorcières sont le plus souvent des victimes expiatoires que la communauté accuse d'être à l'origine de malheurs, de maladies, d'une disparition, d'un naufrage, d'une récolte décevante, d'intempéries et d'accidents en tout genre. En République démocratique du Congo, selon des responsables d'ONG, des milliers d'enfants handicapés ou séropositifs, et qualifiés à ce titre d'«enfants sorciers» par des pasteurs autoproclamés d'Eglises pentecôtistes, sont jetés à la rue, voire assassinés.