Le rendez-vous de Paris entre les représentants du Medef et du FCE a posé les premiers jalons d'une coopération qui se veut fructueuse entre les patrons des deux rives de la Méditerranée. Au moment où les relations algéro-françaises ne cessent de souffler le chaud et le froid à cause notamment de l'épineux dossier du colonialisme, les opérateurs économiques des deux pays font montre d'un réel pragmatisme. Réunis hier à Paris, les représentants des deux plus importantes organisations patronales d'Algérie et de France, le FCE et le Medef respectivement, ont traduit leur entente par des actes concrets susceptibles de booster la coopération économique et de raffermir les échanges commerciaux entre les deux pays. Première décision, l'installation d'un comité de suivi permanent et paritaire afin d'«améliorer la concertation et la coopération entre les deux organisations patronales». «Nous nous rencontrons une à deux fois par an et cela est devenu une tradition entre le FCE et le Medef. Nous voulions donc améliorer cette concertation et la coopération, en mettant sur pied un comité de suivi», a expliqué le président du Forum des chefs d'entreprise. Composé de 4 représentants pour chaque pays, le comité tient aujourd'hui à Paris sa première rencontre technique. Parmi les objectifs qui lui sont assignés, l'on notera «la facilitation de la réalisation de projets de partenariat accompagnés d'investisseurs de chacun des deux pays». Les initiateurs du nouveau mécanisme le veulent également comme une «structure de veille économique et commerciale pour rendre plus fort et permanent ce cadre de concertation» et pour «appuyer toutes les opérations envisagées de part et d'autre». Les deux parties ont également annoncé à l'issue de leur conclave, l'institutionnalisation d'une rencontre portant sur l'investissement chaque année à Alger afin de réunir les hommes d'affaires. Mme Laurence Parisot, présidente du Medef, a apporté le soutien de son organisation à cette initiative et il a été décidé d'un commun accord que la première rencontre aura lieu au cours du printemps prochain. Mme Parisot a également proposé l'organisation d'une rencontre entre les patronats maghrébins et français. Suivant les chiffres communiqués en marge de la rencontre qui a rassemblé plus de 60 chefs d'entreprises algériens et 140 de leurs homologues français, il est permis de déduire que les rapports économiques entre les deux pays ne sont nullement affectés par la froideur des relations politiques induite par l'entêtement d'une partie de la classe politique française à trouver des vertus au colonialisme. Selon Mme Parisot, les choses évoluent à un rythme accéléré, notamment pour les investissements français en Algérie qui ont enregistré l'année passée «100% d'augmentation». Cela au moment où «250 entreprises françaises sont réellement présentes en Algérie». Une dynamique qui ne doit pas en rester là. A deux semaines de la très attendue visite du nouveau président français à Alger, l'ambassadeur d'Algérie à Paris qui a assisté au conclave des hommes d'affaires, l'a laissé implicitement entendre en affirmant que les autres volets des relations algéro-françaises, dont la dimension humaine, sont tout aussi importants que la coopération économique. «C'est l'ensemble de ces dimensions qui nous permet d'avoir un rapport d'équilibre avec la France».