Témoignage n Abdelmadjid A. était un grand adepte de l'automédication. Sexagénaire, docteur en économie et père de 4 enfants adultes, il n'aime pas consulter les médecins. «Un médecin, pour moi, est un praticien. Ce n'est qu'à force de se frotter aux malades, de se documenter et de consulter les dictionnaires médicaux qu'il élabore son diagnostic. Il n'est ni sorcier ni devin. Il n'a pas hérité de la science infuse. Alors, je me disais que je pouvais en faire autant.» A 20 ans, à la suite d'une bronchite mal soignée, notre interlocuteur a été atteint d'une maladie chronique, l'asthme. Une maladie des bronches qui implique une insuffisance respiratoire. «Au début de la maladie, j'ai couru partout, consulté un nombre incalculable de médecins, suivi différentes thérapies, j'ai même suivi des séances d'acupuncture (soins par des aiguilles plantées à des endroits précis du corps) chez des Chinois installés en Algérie. Sans résultat. Il est vrai qu'à cette époque, la recherche médicale n'avait pas connu les avancées actuelles. On ne savait pas grand-chose de ce mal. C'est là que j'ai décidé de recourir à l'automédication», explique-t-il en ajoutant : «Je me suis autosoigné. J'ai utilisé le spray et la cortisone pendant de longues années. Sans jamais consulter de médecin.» Reste que l'automédication n'est pas sans risque. A trop y avoir recours, surtout dans la durée, cette pratique peut engendrer des complications, et atteindre d'autres parties saines du corps. «En 1996, j'ai fait mon premier grand malaise. Un arrêt respiratoire suivi d'un arrêt cardiaque. Malgré cela, j'ai cru que ce malaise était dû au stress et à la fatigue. Je n'en ai pas fait cas. Continuant toujours à décider tout seul des traitements que je devais prendre. Moins de deux années plus tard, une deuxième alerte. Plus grave encore. Un autre arrêt cardiaque. Cette fois, je me suis résigné à consulter régulièrement un médecin. Après un tas de bilans et de radios, il s'est avéré que mon muscle cardiaque s'était dilaté. Mon cœur était disproportionné, ses parois relâchées et son volume faisait deux fois la taille normale.» «Les médecins à l'époque m'avaient prédit six mois à vivre. Encore une bourde, puisque je suis encore vivant. Malgré cela, cette fois, j'ai décidé de suivre à la lettre les recommandations du spécialiste. Et depuis ça va beaucoup mieux», conclut-il. Que peut-on conclure de cette histoire si ce n'est que se soigner n'est pas un acte individuel. Avoir recours aux médicaments sans un avis médical peut avoir des conséquences désastreuses. Il est vrai que personne ne connaît son corps mieux que soi, mais personne ne connaît mieux les médicaments que le médecin. A ceux qui disent : «A quoi bon mourir en bonne santé ?», on répond : «A quoi bon vivre sans ?»